Le Chemin de Fer Touristique d'Abreschviller

(Vosges)

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Le Chemin de Fer Touristique d'Abreschviller (Vosges)

Transcription :

Abreschviller est une petite commune du sud du département de la Moselle, presque perdue en plein cœur du massif Vosgien. Elle est néanmoins connue des amateurs de randonnées qui y trouveront le point de départ de nombreux sentiers pédestres, et des amoureux du chemin de Fer, venus profiter d'une balade en forêt somme toute plus reposante, à bord de son Chemin de fer forestier. Le cadre est idyllique, l'endroit paisible et on a du mal à s'imaginer l'activité qui pouvait y régner il y a de cela quelques décennies. A elle seule, la commune d'Abreschviller à compté jusqu'à pas moins de 10 scieries sur son territoire, auxquelles il faut ajouter les très nombreuses autres réparties dans la forêt alentour. Le massif s'étend sur 11500 hectares et s'étage entre 300 et 1000 mètres d'altitude. Il est constitué pour l'essentiel de résineux et de feuillus.

Au XIX ème siècle, il reste difficile d'accès. Les vallées sont nombreuses et profondes, la population se fait rare. Un vaste programme de construction de routes forestières est alors entamé, mais la guerre de 1870 fait passer la région dans le giron de l'Allemagne et les plans sont modifiés. L'administration allemande privilégie la construction de voies ferrées. L'écartement choisi est celui des chemins de fer militaires Prusses, soit 70 cm. Le Train touristique d'Abreschviller en a naturellement hérité, et c'est le seul représentant français de cet écartement.

Fin mars 1892, une très grosse tempête provoque de très importants dégâts dans le massif. Une énorme quantité de bois doit être rapidement exploitée pour ne pas être perdue. Cet événement donnera un grand coup d'accélérateur à la construction du réseau. Ses 35 premiers kilomètres sont construits en 4 mois, il en comptera à son apogée, un peu plus de 70. Alors évidemment, les rampes sont parfois sévères, et les courbes serrées, il s'agit d'un chemin de fer construit à l'économie. Ce qui ne l'empêchera pas d'être exploité jusqu'en 1966.

Dans les dernières années de son fonctionnement, quelques services touristiques étaient déjà proposés par l'administration des Eaux et Forêts. La naissance de l'association qui gère aujourd'hui le train touristique en sera facilitée. Elle reprendra à son actif l'exploitation et l'entretien de 6 km de ligne, et s'installera dans les anciens ateliers ou l'Office National des Forêts remisait le matériel.

Ces bâtiments servaient pour l'exploitation forestière. Vous pouvez apercevoir derrière moi le dépôt, c'était le dépôt locomotive du temps de l'exploitation forestière. Elle ravitaillait toutes les scieries d'Abreschviller, vous aviez sur le site d'Abreschviller une dizaine de petites scieries, vous aviez également plusieurs petites scieries le long du parcours, qui comprenait 80 km de voies.

La modernisation des scieries leur permettra d'augmenter leur productivité à un point tel que les capacité de débardage par le seul train à vapeur se révéleront insuffisantes. C'est ce qui provoquera le déclin de ce réseau, peu à peu abandonné au profit de la route.

Devenu touristique, le train se fera remarquer par le journal Le Monde, qui relève que le 1er mai 1968, il fut le seul train à circuler en France. Un sacré coup de pub qui valu à l'association de voir son activité démarrer sous les meilleurs auspices et enregistrer dans ses premières années, des records de fréquentation.

La locomotive Mallet qui assure encore aujourd'hui des trains, a été construite spécifiquement pour circuler sur le réseau. Elle est sortie d'usine en 1906. Elle se partage les allers-retours sur la ligne avec une 030, un Jung de 1930, acquise par l'association auprès d'un chemin de fer autrichien.

Mais ce n'est pas le seul matériel susceptible de rouler sur le réseau. Assez exceptionnellement il est vrai, dans le but de la préserver, l'ancienne voiture de l'ingénieur des Eaux et Forêts, peut être louée, avec chauffeur, à l'association, une Renault NN de 1935.

Elle a servi pour la visite des propriétaires de scieries embranchées sur la ligne, mais également pour la visite de dignitaires soit politiques, soit militaires. Elle était un véhicule surtout d’apparat et d'entretien. On n'a pas de plaque tournante sur le réseau et elle ne peut pas faire de longs trajets en marche arrière vu le système d'aération du moteur, donc elle est équipée sous la caisse d'un dispositif qui se pose sur la voie, et avec une manivelle on la lève, on la tourne et on la repose : un système de vilebrequin.

Au sortir de la gare, la ligne s'engage dans la vallée de la Sarre rouge, puis se fraye un chemin le long d'une petite route, avant de s'engager résolument dans la forêt. Son allure est très modeste, car les forestiers ne se préoccupait guère de ménager leurs montures ferroviaires. Les rampes sont sérieuses, et les courbes très serrées.
A la sortie de la forêt, le train montant s'engage dans une impasse sur une centaine de mètres. Il utilise pour cela la bifurcation d'où partait l'une des principales branches de l'ancien réseau. Et les voyageurs patientent quelques minutes à l'abri des branches de sapin qui les protège du soleil ou de la pluie. Ces quelques mètres de voies jouent le rôle d'un évitement dont l'exploitation est assez particulière. Le train montant attend en effet que le train descendant l'ait croisé, avant d'effectuer un rebroussement qui le ramène sur la voie principale. L'aiguille étant faite, il repart alors en marche avant vers le terminus de la ligne.

L'équipe de conduite n'est pas au bout de ses peines, car il lui faudra faire en sorte que le train franchisse sans encombre, une rampe heureusement courte de 70 pour mille. Encore un petit effort, et c'est l'arrivée au terminus de Grand Soldat, lui même aménagé en pleine rampe.

La locomotive laisse là ses voitures, pour aller manœuvrer un peu plus haut, ou elle refera le plein d'eau et stationnera quelques instants, pour laisser le temps aux voyageurs de visiter un autre vestige de la grande époque de l'exploitation forestière. Un haut fer. Il s'agit là d'un scierie traditionnelle, telles qu'il n'en existe que dans les Vosges ou dans le Grand Est. Elles étaient installées sous un hangar, au bord d'un ruisseau. Leur force motrice est hydraulique. Une roue à aube anime un double mouvement. Celui vertical de la scie, et celui horizontal de la table sur laquelle repose le tronc à débiter en planches.

Fort de ces nouvelles connaissances, les passagers remontent à bord du train, pour un voyage retour qui s'effectuera pour l'essentiel au frein pour l'équipe de conduite. Le train quitte la gare de Grand Soldat, pour traverser quelques centaines de mètres plus loin le hameau du même nom, dont le principal fait d'arme est d'abriter la maison natale de l'écrivain Alexandre Chatrian, auteur notamment de L'Ami Fritz. Il vécut de 1826 à 1890, trop tôt pour avoir connu et probablement relater dans ses livres l'aventure du Chemin de Fer Forestier d'Abreschviller.

Le Chemin de Fer d'Abreschviller circule d'avril à octobre. La balade dure environ 1h30 aller-retour, et les amateurs pourront faire le choix d'un voyage en cabine ou à bord de la voiture dite « Orient Express » ou encore de la Renault NN sur rail empruntée autrefois par les chefs des Eaux et Forêts.

La semaine prochaine dans Aiguillages, nous serons de l'autre côté de la France, tout au bout de la pointe bretonne, à Brest, pour une visite au club le Brest Minirail.

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