Le chemin de fer touristique du Tarn

Saint-Lieux-les-Lavaur

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Le chemin de fer touristique du Tarn Saint-Lieux-les-Lavaur

Transcription :

Saint-Lieux les Lavaur, c'est dans le Sud-Ouest de la France, à une quarantaine de km à l'est de Toulouse, un petit village qui a su rester dans son jus, au point que le touriste non averti qui arrive sur place, ne sera même pas surpris de voir une locomotive à vapeur traverser une route.

Le chemin de Fer Touristique du Tarn nous replonge directement dans l'histoire des Tramways à vapeur du département qu'ils ont sillonné entre 1895 et 1935. La Compagnie des Chemins de Fer à Voie Etroite et Tramways à Vapeur du Tarn est créée à la fin du XIX ième siècle pour permettre le désenclavement du centre industriel de Graulhet, (Groyer) actif dans le domaine du travail des peaux de moutons notamment, destiné à l'industrie textile. Une première section de voie est établie entre Graulhet et Laboutarié, une commune desservie par la ligne Albi-Castre, celle entre Graulhet et Lavaur est ouverte en 1903. La commune de Lavaur était quant à elle située sur la ligne Toulouse-Castres. Au total, ce sont 46 km, laborieusement parcourus au gré des nombreuses haltes jalonnant le parcours, qui seront exploité par cette compagnie. Il faut tout de même près d'une heure et demie pour rejoindre Graulhet depuis Lavaur. La voie est à l'écartement de 60 cm, les locomotives sont des Decauville. Une dernière ligne est mise en service entre La Ramière et Saint-Sulpice, une commune desservie par le Paris-Orléans. Celle-ci passait par Saint-Lieux les Lavaur.

La crise de 1929 sera fatale aux industries implantées à Graulhet. La desserte de la ville par le chemin de fer ne cesse de décliner. La ligne sera finalement fermée en 1935. Pendant 40 ans, on entendra plus le bruit d'une locomotive à vapeur dans les rues des communes anciennement traversées. Jusqu'à ce qu'une poignée de passionnés ne retrouvent la trace de l'ancienne plateforme de la ligne Ramière à Saint-Sulpice des Tramways à vapeur du Tarn à Saint-Lieux les Lavaur. La gare est toujours là, le viaduc franchissant l'Agout aussi. C'est un bon début. Là où les choses se compliquent, c'est pour trouver du matériel roulant et des rails. Par chance, c'est à la même époque que les Salins du Midi dans l'Aude, arrêtent l'exploitation de leur réseau ferroviaire. Le matériel peut être racheté à un prix raisonnable, et les premières traverses reposées dans le village de Saint-Lieux. Le train inaugural circule fièrement dans les rue de la commune, début juillet 1975.

On était des membres de la FACS de Toulouse principalement, on était un petit groupe, on se réunissait une fois par mois et on voyait qu’il y avait un mouvement, on avait fait Pithiviers, il y avait le Vivarais qui avait réouvert, et on se disait « nous, dans la région, on n’a rien » donc on s’est dit « si on veut quelque chose, on sera obligés de le construire, on ne pourra pas reprendre de ligne ». Les derniers, c’était les chemins de fer de Castres, les chemins de fer du Tarn qui ont fermé en 1962, donc il ne restait absolument plus rien. On a cherché, et on a réussi à trouver ici un bout de plateforme, sur un réseau en voie de 60, qui était principalement en bord de route mais où il y avait 4,5 km hors de la route. Donc on est allés trouver les autorités locales, on leur a demandé si on pouvait commencer, ils se sont renseigné et ils ont dit « oui, il y a des choses qui marchent ailleurs ». De toute façon, la gare était prévue pour être démolie, donc ils ont dit « on ne risque rien, allez-y ». On a inauguré 6 mois après avec de la voie portable Decauville en éléments et des conditions qui étaient assez folkloriques, disons, mais la personne qui a fait l’inauguration, qui était à l’époque le Président de la commune, nous a dit « on ne vous donne pas 6 mois ». Maintenant, on y est, ça fonctionne régulièrement, on a un matériel qui n’est jamais suffisant mais on peut tourner tranquillement, et on a le projet de musée qui devrait être ouvert quand on aura des sous pour terminer la troisième phase, puisque la phase 1 ça a été le toit, la phase 2 ça a été les murs, ça, c’est fait, ça nous a permis d’abriter le matériel, et maintenant il faut qu’on fasse la phase 3. On va faire un transbordeur, déjà, qui va nous permettre de sortir le matériel pour l’emmener à restaurer, et la phase 3 c’est l’isolation, l’éclairage, les sanitaires, etc. Là aussi, il y a de l’argent à mettre, on a été subventionnés par les collectivités locales, c’est-à-dire département et région, mais il y a quand même la partie de l’association à payer, et l’argent qu’on avait mis de côté a servi pour payer la phase 2, et là on remet de nouveau de l’argent de côté pour pouvoir faire la troisième phase.

L'association qui gère le train touristique, ne se contente pas en effet, d'organiser des circulations sur sa ligne, elle est à l'origine de la constitution d'une grosse collection de matériel ferroviaire. 5 locomotives à vapeur, dont 3 sont classées monument historique, 25 locotracteurs et même 3 locomotives électriques. Le tout, pour l'essentiel, à l'écartement de 50 cm.

Au départ, on aura voulu faire de la voie de 60, mais dans le sud-ouest il y avait très peu d’activité industrielle : les mines, c’était des écartements farfelus, 58 etc., et un membre de chez moi a trouvé que celles du midi avaient plusieurs réseaux en voie de 50 avec des locotracteurs Crochat. Ces locotracteurs Crochat, on a flippé dessus parce que ce sont des engins énormes pour de la voie étroite, les CC en voie de 60, il n’y en a pas, et en voie de 50 encore moins, donc on a pu récupérer ce matériel à l’époque, on a démarré avec de la voie portable à 7 kg et des châssis de bennes qu’on a transformés pour faire les premières voitures voyageurs. On a démarré avec ça, et c’est pourquoi on a de la voie de 50.

Beaucoup de ces matériels restent à restaurer et devraient rejoindre prochainement le Centre d'interprétation que l'association a pu construire à quelques pas de son dépôt. Plus qu'un musée, ce lieu se veut culturel, animé et interactif. La date de son ouverture dépendra de la capacité de l'association à trouver les fonds nécessaires aux derniers travaux préalables à la réception du public, à court ou moyen terme. Ce bel outil devrait permettre au Train Touristique du Tarn d'augmenter encore sa fréquentation. Celle-ci a fait un premier bond, après l'ouverture du Jardin des Martels, un parc floral que le train dessert au départ de Saint-Lieux les Lavaur.

Les jardins n’existaient pas à l’origine, ils ont été faits il y a 20 ans, à peu près. C’était des gens qui étaient au bout, ils avaient des plantations de maïs et qui faisaient du foie gras. Le fils a fait une école d’horticulture, et il a fait son petit jardin à lui. Il y a des gens qui venaient et qui lui ont dit « ça, vous devriez l’ouvrir au public », et c’est comme ça que c’est venu. Un jour, il est venu nous dire « je veux ouvrir un jardin », on lui a dit « oui, oui », il y a tellement de gens qui nous font des demandes farfelues ! Donc on a dit oui et il a grossi, il a beaucoup plus de fréquentations que nous parce que lui n’est pas tenu à un horaire, et il peut fonctionner tous les jours du matin au soir.

Alors pour augmenter encore le nombre de passagers à bord du train, l'association compte beaucoup sur l'ouverture de son prochain centre d'interprétation. Celui-ci pourrait bien constituer un nouveau point d'intérêt, qui inciterait les visiteurs du parc floral, à faire le voyage à bord du train, dans le sens inverse de celui habituel. Le jardin des Martels recevant à ce jour beaucoup plus de visiteurs que le train, le principe des vases communicants devrait jouer en la faveur de celui-ci.

En attendant embarquons à bord du train, pour un aller-retour classique au départ de Saint-Lieux les Lavaur et à destination du parc floral. Comme les tramways de l'époque, notre train réalise une grande partie de son parcours en bord de route. A moins d'un kilomètre du départ, nous franchissons même un pont, partagé avec les voitures. Puis, la route s'écarte de la voie, et c'est de loin que nous pouvons suivre le train.

A peu près à mi-chemin, un évitement a été mis en place pour permettre aux convois de se croiser. Notre train y attend sagement, le second convoi, parti un peu plus tôt dans l'après-midi. Il a servi tout à l'heure aux manœuvres pour la mise en place des rames à la gare, pendant que la locomotive à vapeur terminait sa mise en chauffe.

Notre train reprend sa route, au travers de la forêt. La rampe est ici de 20 à 30 pour mille. Et les acacias nous jouent des tours. Leurs fleurs qui tombent sur la voie, la rende particulièrement glissante, et la locomotive peine un peu à arriver en haut. Rien de bien méchant toutefois, le sablage, permettra de venir à bout de sa tendance à patiner. Et nous pouvons nous arrêter à quelques centaines de mètres du terminus, dans une petite clairière ombragée, ou les passagers peuvent écouter l'un des membres de l'association, leur raconter l'histoire de la ligne.

Quelques minutes après notre départ, nous franchissons un passage à niveau, et arrivons au terminus actuel de la ligne. Le Jardin des Martels. Au-delà, 500 mètres de voies supplémentaires ont déjà été posés. Il en reste autant à construire pour que le train puisse rejoindre son futur terminus, à 1km de là où nous nous trouvons. L'un des avantages de ce prolongement, sera de pouvoir installer une plaque tournante pour retourner la locomotive. Pour l'heure, elle se contente d'aller se replacer en tête de train. Ce type de locomotive de manœuvre a de toute façon été conçue pour pouvoir rouler aussi bien dans un sens que dans un autre.

Dans ce sens, le parcours de la ligne se fait tout au frein, et du coup sans encombre.

Nous arrivons de nouveau au lieu de croisement.

Puis nous franchissons le viaduc de Giroussens, seul ouvrage d'art présent sur la ligne.

Et notre train reprend son cheminement le long de la route, avant de longer le futur centre d'interprétation. Lorsque celui-ci sera ouvert. Une gare sera aménagée pour que les visiteurs puissent descendre du train et aller le visiter.

Et enfin, c'est le retour à notre point de départ, et le moment d'échanger quelques mots avec notre conducteur, à propos de sa machine.

Une machine qui était chez Peugeot, qui tirait les scories et la fonte en fusion pour faire les moteurs à l’époque en 1947, celle-là. Quand on l’a refaite on a refait les boîtes d’essieux, les coussinets, les segments, la cabine, il y a eu beaucoup de travail.

Michel qui pratique la vapeur depuis une 30aine d'années, et qui a à son actif la construction de 4 machine à l'échelle 1/3 et à l'écartement de 7 pouces ¼. Quand il n'est pas à Saint-Lieux les Lavaur, vous pouvez le retrouver sur son circuit ou il fait circuler les machines qu'il a construites, à Grenade, pas très loin d'ici.

Si vous souhaitez en savoir plus sur les Tramways à vapeur du Tarn, l'association vient de ré-éditer ce cahier très complet et illustré qui leur est consacré. Vous pourrez vous le procurer sur place, ou sur le site du Chemin de Fer Touristique du Tarn. La semaine prochaine, Rêve et Magie du Rail, nous partirons à la découverte de ce réseau construit dans une ancienne voiture voyageur, par l'association Rail Modélisme Ariégeois.

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