Le Tour du Gévaudan en Train

(Rame RRR du Train à Vapeur d'Auvergne)

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Le Tour du Gévaudan en Train (Rame RRR du Train à Vapeur d'Auvergne)

Transcription :

Bonjour et bienvenu dans Aiguillages, aujourd'hui je vous emmène faire un voyage inédit en train, on va partir de Clermont-Ferrand, en compagnie de l'équipe du Train à Vapeur d'Auvergne pour un tour du Gévaudan. Direction Neussargue, le viaduc de Garabit, le plateau de l'Aubrac, la ligne des Cévennes et les gorges de l'Allier, départ à 8h36, retour à 20h52, en route pour une véritable épopée ferroviaire.

Un voyage comme celui-ci se prépare longtemps à l'avance, mais jusqu'à la dernière minute il restera toujours quelques détails à peaufiner. Pour l'équipe de conduite et d'accompagnement, au dépôt la nuit promet d'être courte.

Au petit matin, tout est fin prêt pour que le train se présente à l'heure au carré de sortie. L'équipe n'a pas bien pu se coucher avant 1h du matin, elle était pourtant sur pied dès 6h pour démarrer la locomotive et laisser le temps au moteur diesel de chauffer. Un dernier point d'étape pour s'assurer que chacun connait bien le rôle qu'il aura à jouer tout au long de cette journée, et c'est le moment de la mise en service de la cabine de conduite et des essais de frein. Le jour se lève à peine, que le train quitte son garage pour entrer en gare de Clermont-Ferrand ou les voyageurs sont attendus pour l'embarquement. Cette circulation se fait dans le cadre des journées du patrimoine, aussi le matériel qui va l'assurer est une rame réversible telle que l'on en voit plus rouler sur le réseau ferré national puisqu'elles ont été radiées pour être remplacées par des engins plus modernes. En Auvergne, elles sont cessées de circuler en 2017. Du matériel relativement récent, puisqu'il avait été mis en service dans les années 80, et qu'il n'a que somme toute que 30 ans, mais que les membres de l'association et les passagers apprécient pour leur confort. Ces R.R.R pour Rames Réversibles Régionales, sont en effet bien chauffées au besoin, et dotées de suspensions pneumatiques et quand on sait que les passagers s'apprêtent à passer plus de 9 heures dans le train dont ils ne pourront descendre vraiment qu'à l'heure du repas, c'est plutôt rassurant. L'association a décidé d'intégrer cette rame à son parc matériel, qui comprend déjà des voitures historiques à compartiments pour cette raison et aussi pour la plus grande capacité qu'elle offre. 320 personnes se sont inscrites pour ce voyage. Leurs principales motivations. Le plaisir de voyager en train, tout en profitant du paysage. Quelques passagers ont pu rejoindre le train un peu plus loin à Vic-le-Comte, Issoire ou encore Arvent, après ce n'était plus possible car le parcours étant une boucle, ils n'auraient pas pu être redéposés à leur point de départ. Si le voyage se fait au crochet d'une locomotive diesel, une BB67000, c'est parce-que la machine à vapeur qui donne son nom à l'association, le Train à Vapeur d'Auvergne a du être retirée de la circulation pour subir des opérations de maintenance assez lourdes qui doivent être réalisées tous les 10/15 ans. Je vous en reparlerais dans quelques semaines dans un autre reportage d'Aiguillages qui sera consacré à ce sujet, mais pour vous en dire rapidement quelques mots aujourd'hui, sachez que les roues de la locomotives doivent être vérifiées et que pour cela, il faudra non seulement lever la machine mais également en envoyer les essieux en Allemagne dans le seul atelier encore capable de réaliser de ce type d'opérations en Europe. Tout cela prend forcément du temps, et demande beaucoup d'argent. L'un des moyens pour l'association de faire face à ces dépenses, est de faire rouler des trains diesels comme celui-ci, ou ceux qu'elles fait régulièrement circuler chaque été entre Clermont-Ferrand et Langogne dans les Gorges de l'Allier. En 2020, ces voyages n'ont pu avoir lieu, pour les raisons que vous devinez, et celui-ci est le premier qu'elle peut organiser. L'association se réjouit d'avoir bénéficié d'un soutien plein et entier de la SNCF, qui lui a accordé le droit de rouler sur une ligne qui était fermée au trafic voyageurs depuis de nombreux mois, en raison de travaux, et qui ne facturera pas cette année la totalité des montants habituellement perçus. Une vrai bouffée d’oxygène pour elle. La ligne fermée au trafic voyageur, c'est celle qui relie Béziers à Neussargues, gare dans laquelle notre train arrive maintenant et restera stationné une grosse 20aine de minutes. Ici, en effet, nous allons changer de sens de circulation et par conséquent, l'équipe de conduite va changer d'extrémité, quittant la BB67000, pour la cabine de conduite de la rame réversible, afin de nous engager sur la ligne des Causses. Une ligne à voie unique, électrifiée, au parcours plutôt sévère. Des rampes de plus de 30 pour mille, des courbes serrées et de nombreux ouvrages d'art, dont le célèbre viaduc de Garabit.
Nous nous trouvons donc à bord du premier train de voyageurs qui peut rouler ici depuis de nombreux mois. Les circulations régulières devaient reprendre début octobre. Arrivé près de Saint-Flour, en fin de matinée, notre train va pouvoir prendre son temps et ralentir notablement sa vitesse de croisière pour que les passagers puissent profiter de leur passage sur le viaduc de Garabit. La SNCF a autorisé l'association à perdre du temps sur l'horaire initialement prévu pour permettre ce passage au ralenti. Impossible de s'arrêter sur l'ouvrage en revanche, notre rame étant trop longue. Il y aurait beaucoup de choses à vous raconter au sujet du viaduc de Garabit, construit par la société Eiffel quelques années avant la célèbre tour. Je vous réserve pour ça, un autre numéro d'Aiguillages pour vous en parler en compagnie de l'une des personnes qui le connait sans doute le mieux : Patricia Vergne Rochès, qui après de nombreuses recherches lui a consacré un livre, Le Viaduc de Garabit, chef d'oeuvre de Gustave Eiffel aux éditions la Vie du Rail, et un autre destiné à le faire connaître aux enfants Le Viaduc de Garabit et les Gorges de la Truyère aux éditions de la Vache qui lit. Patricia faisait partie du voyage, j'en ai donc profité pour l'interviewer et vous en apprendrez sans doute beaucoup au sujet de ce viaduc connu dans le monde entier, qui était au moment de sa construction en 1884, le viaduc le plus haut du monde. Cette traversée du viaduc restera pour les voyageurs de ce train, l'un des temps forts de la journée. Après Saint-Chély d'Apcher, notre train entre en gare d'Aumont Aubrac ou il fera son plus long arrêt. Deux heures de pause entre 12h20 et 14h20, le temps d'un pique-nique pour les uns et d'un repas auvergnat à table pour les autres. Mais aussi d'un changement de décor. Le soleil qui avait accompagné le train tout au long de la matinée a laissé place à un rideau de pluie. Un événement climatique bien connu dans la région, appelé épisode Cévenol. Des masses d'air chaud se forment au-dessus de la méditerranée, se déplacent vers le continent et se retrouvent bloquées par le massif des Cévennes, ce qui provoque des pluies diluviennes et parfois malheureusement de gros dégâts liés à des inondations. Pour notre train qui vient de dépasser la gare de Chirac, (ce qui n'a pas été sans provoquer quelques sourires), la montée vers La Bastide – Saint Laurent les bains risque d'être sportive. Notre rame est en effet beaucoup plus lourde que les engins automoteurs qui la parcourent habituellement et le rail mouillé, ne va pas lui être favorable. Nous sommes là, sur les voies du Translozérien, cette ligne qui relie le Monastier à La Bastide – Saint-Laurent les Bains, en passant par la halte SNCF la plus haute de France sur une ligne non électrifiée. Elle se trouve à 1215 mètres d'altitude, et n'est plus desservie. Son autre particularité était de se trouver coincée entre deux galeries paravalanche, ce qui fait que seule une ou deux portes des autorails s'y arrêtant, permettaient de descendre ou de monter à bord. Pour y arriver, notre train va devoir franchir des rampes de près de 30 pour mille et des virages en épingles à cheveux, les passagers pouvant apercevoir par leurs fenêtres, bien en avance là ou le train passera quelques minutes plus tard. Autant vous dire que dans les conditions météo rencontrées, il faudra beaucoup de doigté à l'équipe de conduite pour parvenir au point culminant de la ligne. Passé celui-ci, c'est le soulagement, puisque le reste du parcours se fera en descente et qu'il ne présente plus de difficultés particulières. Je vous reparlerais également plus en détail de ce parcours, encore une fois dans un autre numéro d'Aiguillages, puisque je l'ai fais en compagnie de l'AP2800, l'Association des Passionnés de l'Autorail X2800, qui le lendemain du jour de ce voyage proposait un aller-retour Langogne-Mende. Ce samedi c'était une balade entre Langogne et La Bastide Saint-Laurent les bains qui était organisée, et chose rare sur le réseau ferré national, ce sont deux trains historiques qui se sont croisés dans cette gare. L'arrivée à Langogne s'est fait sous la pluie qui n'a pas cessée de tomber depuis la mi-journée. Pour moi le voyage s'arrêtera là, car si je veux redescendre à Mende le lendemain avec l'AP2800, il ne m'est pas possible de continuer jusqu'à Clermont-Ferrand et de revenir à temps à Langogne, du moins si je veux privilégier le train dans mes déplacements. Je laisse donc filer sous la pluie la rame du Train à Vapeur d'Auvergne. Pour moi, le parcours des gorges de l'Allier se sera probablement en 2021, à bord de l'un des trains spéciaux de l'association. Ce voyage devait initialement ce faire cet été, mais ces parcours ont tous été annulés pour cause de crise sanitaire.



A noter que le Train à Vapeur d'Auvergne proposera d'ici la fin de l'année d'autres trains spéciaux, l'un pour la fête des lumières à Lyon toujours à bord de sa rame régionale réversible, le 5 décembre, deux autres pour les trains du Père Noël en direction de Saint-Germain des Fossés les 12 et 13 décembre, des voyages qui marqueront le grand retour sur les rails de la rame historique de l'association. En 2021, celle-ci espère aussi pouvoir reprogrammer des trains des neiges à destination de la station de ski du Lioran. Je prendrais le temps de vous reparler de ce programme en temps et en heure, et en attendant, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour d'autres aventures sur les rails.

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