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La ligne Sathonay-Trévoux c'est fini !

La ligne Sathonay-Trévoux

c'est fini !

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La ligne Sathonay-Trévoux c'est fini !

Transcription :

Une balade ferroviaire sur le terrain cette semaine. Sur cette chaîne je vous ai raconté il y a quelques temps déjà l'histoire de la ligne de Lyon-Croix-Rousse à Sathonay et je vous avais quitté à la fin du reportage en vous disant qu'un jour, je vous parlerai de sa prolongation vers le Val de Saône jusqu'à la ville de Trévoux dans le département de l'Ain. Hé bien il est temps de le faire puisque qu'il y a du nouveau et que malheureusement cette voie ferrée est appelée à disparaître très prochainement pour céder la place à un Bus à Haut Niveau de Service.

J'ai pu aller me promener aux abords de cette voie ferrée ou du moins de ce qu'il en reste, faire des images de ses principaux ouvrages d'art et des quelques maisons de garde barrière, halles marchandises et gares qui subsistent encore. Dans ce nouveau numéro je vous raconte son histoire et vous parle de son avenir même si sa destinée va définitivement l'éloigner de ses origines ferroviaires. Bonjour et bienvenue dans Aiguillages !

Officiellement cette ligne a pour origine la partie nord de la gare de Sathonay, mais elle est très liée à une autre, celle de Lyon-Croix-Rousse à Sathonay dont je vous avais raconté l'histoire il y a quelques temps et qui arrive quant à elle par le sud, à cette même gare.

Je vous renvoie à cet autre reportage si le sujet vous intéresse, je ne vais vous redonner ici que quelques repères, pour vous restituer le contexte.

Le 3 juin 1862 est inauguré à Lyon la ficelle de la rue Terme, le premier funiculaire urbain au monde. Un an plus tard, il est prolongé par une ligne de train classique exploitée jusqu'à Sathonay où se trouve un camp militaire, par la Compagnie du Chemin de Fer de Lyon-Croix-Rousse à Sathonay. L'essentiel de la clientèle est apportée par l'armée dont les 6 000 militaires basés dans ce camps partent en permission ou en manœuvre en empruntant le train. Un trafic et des revenus complémentaires seront apportés à l'entreprise qui l'exploite par la Compagnie des Dombes et du Sud-Est qui passe avec elle un accord pour prolonger le parcours des trains qu'elle met en ligne entre Bourg-en-Bresse et Sathonay, jusqu'à la gare de la Croix-Rousse.

Mais tout cela ne suffira pas à rentabiliser les investissements, et l'entreprise à l'origine de la création du tronçon entre la Croix-Rousse et Sathonay mettra la clé sous la porte.

Elle sera rachetée dans un premier temps par la Compagnie des Chemins de Fer du Rhône dont le plan de reprise prévoit un prolongement de la ligne jusqu'à Trévoux. Rencontrant à son tour des difficultés financières, elle ne parviendra pas à terminer à temps les travaux de construction de la ligne aux dates prévues dans les conventions de concession qui l'a lient aux départements du Rhône et de l'Ain et sera rachetée par la Compagnie des Dombes et du Sud-Est en 1879. C'est cette entreprise qui inaugurera finalement le tronçon Sathonay-Trévoux le 1er juin 1882, avant d'être rachetée à son tour en 1897 par la Compagnie du Paris-Lyon-Méditérannée qui ouvre alors la section comprise entre les gares de Sathonay et de Saint-Clair afin de relier les lignes Lyon-Trévoux et Lyon-Bourg-en-Bresse au reste de son réseau en 1900. le projet de prolonger la ligne jusqu'à Villefranche n'aboutira quand à lui jamais. Le trafic voyageur sera interrompu en 1938 entre Sathonay et Trévoux, mais maintenu entre Sathonay et Lyon-Croix-Rousse jusqu'en 1953 date à laquelle l'intégralité du trafic depuis Bourg-en-Bresse sera transféré à la gare des Brotteaux. Pour ce qui est des marchandises, un service subsistera sur l'antenne de Trévoux.
Une nouvelle section de voie sera même construite en 1962 à partir de la sortie de la gare de Neuville-sur-Saône pour aller en desservir la zone industrielle. C'est cette antenne qui sauvera un temps cette voie sur laquelle le trafic marchandise sera fermé au-delà de Neuville en 1991. La circulation des trains sera dès lors limitée à la desserte des usines chimiques installées en bord de Saône. Un trafic régulier à destination du triage de Sibelin au sud de Lyon y sera maintenu jusqu'en 2011. La ligne sera totalement abandonnée et plus entretenue par la suite.

De ce fait, la plateforme qui supporte cette ligne est toujours bien visible au point que beaucoup espérait qu'elle pourrait à terme reprendre du service, le val de Saône connaissant une très forte croissance démographique.

A Sathonay, l'origine de la ligne qui est longue de 25 kilomètre 100, est marquée par une première forte déclivité qui annonçait bien aux conducteurs ce qui les attendait sur le reste de l'antenne de Trévoux. Un parcours particulièrement accidenté du moins dans ses premiers kilomètres situés sur les coteaux du lyonnais, avec des rampes de 19 pour mille. 19,7 pour mille dès la sortie de la gare. La voie s'oriente alors très nettement vers le Nord-Ouest. Pour franchir différents obstacles naturels, cinq viaducs se succèdent et sont concentrés sur le début du parcours. A peine sortis de la gare de Sathonay, les trains s'engageaient sur celui de la Ronsière. D'une longueur de 134 mètres, il permet à la ligne de franchir un premier vallon séparant les communes de Sathonay-Camp et Sathonay-Village. Construit en courbe, c'est le plus beaux et le plus visibles des viaducs en maçonnerie que comprend la ligne. Quelques centaines de mètres plus loin, arrive celui à 6 arches dit de Sathonay. Puis la ligne débouchant dans la vallée de la Saône s'oriente encore plus franchement vers le nord. Elle suivra désormais de plus ou moins loin le cours de la rivière. Après la gare de Fontaines-sur-Saône, elle franchit le viaduc du petit moulin, avant de s'engager au-dessus du ravin creusé par le ruisseau des Echets en empruntant l'ouvrage d'art le plus important de la ligne, le viaduc métallique de Rochetaillée d'une longueur de 240 mètres. Ici le cadre est particulièrement remarquable, le vallon étant dominé par le château de Rochetaillé, qui abrite le musée de l'automobile. Le bâtiment de l'ancienne halte de Rochetaillé est toujours en place, racheté comme bien d'autres ayant jadis appartenu aux différentes compagnies ferroviaires qui se sont succédées, par des particuliers. La descente se poursuit alors jusqu'à Fleurieu-sur-Saône puis Neuville. L'importance de cette gare se remarque aujourd'hui encore à son bâtiment voyageurs à deux portes notamment. Se trouvait également sur place une halle marchandise. Peu après la sortie de la gare, à la halte des Creuses se détache la voie qui menait à la zone industrielle Lyon-Nord d'où partaient encore jusque fin 2010 les trains de fret qui continuaient à fréquenter l'antenne de Trévoux, desservant les entreprises chimiques du secteur. La ligne principale prend quand à elle la direction de Genay où elle passe sous l'autoroute A46, entrant alors dans le département de l'Ain. Se succèderont ensuite les gares de Massieux, Parcieux, et Reyrieux. Enfin la voie regagne Trévoux, dans un environnement de plus en plus marqué par l'urbanisation, de nombreux pavillons ayant été construits en bordure de voie, et des ensembles d'immeubles voyant de jour tout près d'elle.

Dans l'entre-deux guerre la ligne Lyon-Croix-Rousse-Trévoux par Sathonay a connu un certain succès.

On y comptait jusqu'à 8 allers-retour quotidiens. Les Lyonnais aimaient prendre la Galloche comme ils l'avaient surnommée, en particulier le week-end pour s'offrir une balade sur les bords de Saône. De son côté, le trafic marchandise s'y était également fortement développé. A tel point qu'il existera même un projet de création d'une plateforme dite ouverte à la grande vitesse pour colis d'un poids maximum de 100 kilos et enregistrements de bagages à Massieux. Par grande vitesse on n'entend bien évidement pas TGV à l'époque, mais plutôt un service de transports de marchandises adossé à celui des voyageurs, donc plus rapide que les trains de fret ordinaires. Mais ce projet ne verra pas le jour pas plus que le prolongement assez naturellement envisagé de la ligne jusqu'à Villefranche-sur-Saône.

En cause ? L'existence d'un redoutable concurrent pourtant également sur rails. Son nom : Le Train Bleu !

Il s'agit d'un tramway à vapeur qui relie Lyon à Neuville dont un premier tronçon est inauguré dès octobre 1889 jusqu'à Fontaines-sur-Saône et qui sera prolongé jusqu'à Neuville en 1895. Celui-ci connaîtra un grand succès car il offrait une solution alternative aux lyonnais pour se rendre sur les bords de Saône, lieu de villégiature apprécié, où furent établies dès cette époque bon nombre de résidences secondaires. Le succès était tel que le projet de le prolonger jusqu'à Trévoux fut à plusieurs reprises évoqué. La concurrence frontale avec la Galloche était assez évidente. Finalement la ligne fut intégrée au réseau OTL, ancêtre des TCL actuels opérateurs des transports en Commun Lyonnais, et le Train Bleu fut transformé en ligne de bus.

Et c'est le même sort qui attend à bien des années d'intervalles cependant, l'ancienne ligne de Sathonay à Trévoux.

Depuis sa fermeture complète en 2010, ce ne sont pourtant pas les projets qui ont manqué de re-exploiter la plateforme existante. La région Rhône-Alpes avait mené plusieurs études en son temps pour sa réouverture. Elle envisageait à l'époque d'y faire re-circuler un train, un train léger ou un tram-train pour faire face aux besoins croissant de mobilité des habitants du Val-de-Saône, de plus en plus nombreux à partir vivre dans les communes situées entre Neuville et Trévoux, tout en continuant de venir travailler sur Lyon. En 2015, le projet de tram-train fut adopté par le Conseil Régional, mais à la suite de la fusion des régions Auvergne et Rhône-Alpes, et au détour d'un changement de majorité, celui-ci fut abandonné, au profit d'un projet alternatif. C'est un BHNS qui serait mis à l'oeuvre.

Mais alors qu'est-ce qu'un BHNS ?

Un Bus à Haut-Niveau de Service, c'est à dire un bus à grande capacité mais par ailleurs tout à fait classique qui circule intégralement ou partiellement en site propre. C'est là qu'intervient l'ancienne plateforme de l'antenne de Trévoux puisque l'idée est de déposer la voie ferrée qui s'y trouve encore, et de la goudronner sur 18 kilomètres pour permettre à 11 d'entre-eux qui fonctionneront à l'hydrogène de circuler. La plateforme n'étant pas très large puisque le train ne disposait que d'une seule voie, des zones de croisement seront établies. Une voie verte sera néanmoins créée le long de ce nouvel axe. Au-delà de la gare de Sathonay, ces bus rejoindront celle de la Part-Dieu en empruntant les couloirs de bus déjà aménagés dans l'agglomération lyonnaise sur une 10 aine de kilomètres de leur parcours. La promesse qui est faite est celle de gagner une demie-heure sur les temps de trajets actuels, sans avoir à emprunter de correspondance, et en pouvant compter sur une passage toutes les 15 minutes en heures de pointe. Les travaux devraient commencer dans le courant de l'année 2023 pour une mise en service fin 2026 ou début 2027.

Est-ce que ce projet fait l'unanimité ?

Bien sur que non ! D'abord les riverains qui ont fait l'acquisition de leur résidence à proximité immédiate d'une voie ferrée qu'ils pensaient abandonnées pour toujours, ne se satisferont jamais de revoir circuler quoi que ce soit dessus, qu'il s'agisse d'un train, d'un tram-train ou d'un bus. Ensuite, les défenseurs de l'environnement ne manquent pas de relever la présence d'Espaces Naturels Sensibles sur le chemin, un en particulier entre Sathonay camp et Sathonay Village ou de s'inquiéter des conditions de production de l'hydrogène qui alimentera les bus, une fabrication qui est fortement consommatrice en eau.

Enfin, ceux qui se réjouissaient d'un possible retour d'un moyen de transport sur voie ferrée, qu'il s'agisse d'un train classique, d'un train léger ou d'un tram-train ne manquent pas de souligner que 4 bus par heure au moment des pointes du début et de fin de la journée ne permettront pas de transporter les 10 000 voyageurs quotidiens escomptés sur la ligne alors que le budget de la remise en état de la voie ferrée était sensiblement équivalent à celui de son goudronnage.

Pour autant les jeux sont faits puisque comme je vous l'expliquais au début de ce reportage, il y a du nouveau. Un pas irréversible a été franchi en décembre dernier la SNCF ayant vendu la ligne Sathonay-Trévoux à la région à partir de là, il n'y a plus aucune chance d'y revoir circuler des trains. Si le sujet vous intéresse et que vous voulez allez plus loin, je vous mets je vous mets plusieurs liens en description, dont un vers le site d'Alain Cribier qui s'intéresse aux transports sur rails dans la région lyonnaise principalement. Et vous, comment voyez-vous la transformation de cette ligne en Bus à Haut Niveau de Service ? Avez-vous eu l'occasion de voir passer des trains sur l'antenne de Trévoux ? Vous pouvez me raconter tout ça en commentaires, je vous lis et vous retrouve la semaine prochaine avec grand plaisir pour partager avec vous de nouvelles découvertes ferroviaires !

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