Opération sauvetage
chez Arterail
Opération sauvetage chez Arterail
Transcription :
Opération sauvetage cette semaine, dans les Rendez-vous du Lundi, trois voitures de l'ancien chemin de fer du Nyon - Saint-Cergue et deux autres de l'Aigle – Sépey - Diablerets, qui avaient pris une retraite bien méritée au Chemin de Fer de La Mure en Isère, se sont retrouvées dans une situation bien précaire après qu'un éboulement intervenu sur la ligne à l'automne 2010 ait mis brutalement fin à son exploitation. D'abord placées à l'abri dans un tunnel, elles ont été attaquées par la mérule, un champignon qui se nourrit de bois avant d'être copieusement vandalisées alors qu'elles avaient été remises à l'air libre pour essayer de limiter la progression de la maladie. Ce sont bientôt les Journées Européennes du Patrimoine, l'occasion ou jamais de parler de patrimoine ferroviaire sur cette chaîne, comme d'ailleurs désormais un lundi sur deux. Alors bonjour et bienvenue dans Aiguillages !
Laissez-moi vous rappeler que si beaucoup des manifestations les plus courues de ces journées affichent depuis longtemps complet, il y a énormément d'associations qui proposent sur tout le territoire des opérations dignes d'intérêt. Vous en trouverez de très nombreuses suggestions dans l'agenda des manifestations ferroviaires disponible sur le site d'aiguillages www.aiguillages.eu à la rubrique agenda. Mais sans plus attendre, nous allons nous rendre dans le nord de la France.
Pour retrouver la trace de ces cinq voitures en question, il faut en effet pousser la porte des ateliers de l'entreprise Arterail qui s'est spécialisée dans le service et l'ingénierie ferroviaire. D'ailleurs, si vous regardez bien vous devriez avoir la surprise de reconnaître quelques spécimens de matériels roulants bien connus. En plus de travailler pour les grands noms de l'industrie, Arterail intervient régulièrement sur des projets de restauration pour le compte d'associations préservant du matériel roulant ferroviaire historique. C'est le cas du train du Bas-Berry qui au départ d'Écueillé circule sur une partie de l'ancienne ligne métrique du Blanc - Argent. Cherchant à augmenter la capacité de leurs trains et à disposer d'une rame homogène, les membres de l'association se sont penchés sur le devenir de cet ensemble de véhicules et ont su convaincre le Syndicat Mixte du Pays de Valençay en Berry de s'engager dans le financement de leur restauration. On va commencer la visite par les voitures sur lesquelles il reste le plus à faire avant d'aller voir dans un autre bâtiment celles dont la restauration est la plus avancée. Rencontre avec Jacques Brisou, le président de la Société pour l’Animation du Blanc - Argent l'association qui gère le train touristique du Bas-Berry.
On est sur le site d'Haumont, une ancienne usine métallurgique où effectivement, on a les trois voitures d'origine du Nyon – Saint-Cergue. Alors plus exactement, nous sommes devant la BC 52 à l'origine, c'est la voiture qui avait été fabriquée en Suisse en 1918 par Schlieren pour le Chemin de Fer du Nyon - Saint-Cergue. Et puis derrière elle, ses deux petites soeurs qui elles, avaient été fabriquées juste après, puisque le chantier de prolongation de la ligne de la Cure jusqu'à Morez en France, avait été interrompu du fait des événements de la Première Guerre mondiale et qui donc ont été construites en 1922 par Dyle & Bacalan qui était à la fois le constructeur de la ligne et du matériel roulant.
Ce sont des pièces tout à fait intéressantes parce qu'elles sont construites sur les plans de Schrieren, mais ont été construites par la société Dyle et Bacallan et alors, petit clin d'œil en plus, à Louvain en Belgique pour une ligne internationale Franco-Suisse et pour les chemins de fer électrique du Jura qui étaient une émanation de Dyle & Bacalan. Donc ces voitures ont été livrées en 1922 et elles ont été utilisées sur l'ensemble de la ligne jusqu'à la fermeture de la partie française en 1951. Et après elles ont été utilisées sur la partie suisse jusqu'à la livraison du matériel, puisque le chemin de fer du Nyon - Saint-Cergue n'avait pas été modernisé et aurait dû fermer. Et fort heureusement, finalement, la décision a été prise en Suisse de le moderniser. À la livraison du matériel moderne, on va dire, à la fin des années 80, ce sont des voitures qui sont allées sur le Chemin de Fer de La Mure et les deux ASD sont arrivées sur le Chemin de Fer de La Mure après celle du Nyon – Saint-Cergue, et les cinq véhicules ont cessé d'être utilisés suite à l'éboulement de la Clapisse en 2010. Ils ont malheureusement … en a pas pris beaucoup soin. Je pense qu'ils n'avaient pas au départ... Le département de l'Isère n'avait pas idée de la durée de l'interception, on ne savait pas trop ce qui s'est passer, donc elles ont temporairement été mises à l'abri dans le tunnel du Ravinson qui est le tunnel qui relie les deux parties... La gare basse et la gare haute à Saint-Georges-de-Commiers. Ça partait d'un bon sentiment, sauf que dans le tunnel, l'atmosphère est humide, moite quoi… Et elles se sont beaucoup dégradées et en particulier la B52 qui a été attaquée par un champignon : la mérule. Donc ça, ça a été un problème et elles sont restées de nombreuses années dans le tunnel et ensuite elles ont été sorties à l'extérieur devant le constat des difficultés qu'il y avait eu, enfin des problèmes qu'il y a eu de conservation dans le tunnel et là elles ont été vandalisées. Quasiment toutes les vitres ont été, caillassées, les aménagements intérieurs ont été défoncés. Je ne parle pas des tags et des toitures arrachées par endroits, donc la pluie est rentrée à l'intérieur. Donc voilà. Donc comme ce sont des voitures à caisses en bois tôlée et bien évidemment, aujourd'hui, on a de gros dégâts sur les menuiseries, en particulier sur la B52 qui est la plus ancienne et la plus touchée. Et donc comme on peut voir ... la structure de caisse fait l'objet d'une reconstruction non pas intégrale, mais quand même très importante.
Donc, là, elles ont été des détollées ?
Dans un premier temps sur le site des anciens établissements Ducros à Alès elles ont été dépolluées, déplombées. Les peintures évidemment, toutes les peintures noires avaient du plomb. Il y avait des parties qui étaient amiantées et elles ont été sablées, emballées et ramenées sur le site Arterail pour être détollées plus ou moins profondément, tous les équipements intérieurs ont été démontés et ensuite, là, il y a un menuisier qui sait faire, et qui est en train de on va dire, remplacer toutes les parties de menuiserie qui sont considérées comme n'étant pas conservables en l'état. En plus, la B52, elle vient de faire l'objet d'un traitement fongicide contre la mérule, mais qui n'a pas été suffisant. Et on s'est aperçu que voilà, il fallait revenir et repasser un coup. Là, on espère qu'on est au bout de nos peines et que on n'aura plus une mauvaise surprise et que le remontage va pouvoir débuter, ce qui va être aussi encore une œuvre de plusieurs mois. Oui, parce qu'on peut le voir, il y a encore beaucoup de travail, il y a des aménagements intérieurs qui avaient été vandalisés... Donc il faut soit remplacer en trouvant des pièces identiques, soit réparé.
Une visite comme celle d'aujourd'hui, vous en faites assez régulièrement ici pour venir voir comment avance le chantier ?
Alors le chantier, donc, il est conduit... Le maître d'ouvrage, c'est le syndicat mixte pour le train touristique. Nous sommes en assistance au maître d'ouvrage. La MOE (Maîtrise d'Ouvrage) est assurée par la société Arterail. Voilà donc c'est dans le cadre d'un marché public. Tout cela est très encadré. Donc on a… En fait, on a un suivi hebdomadaire du chantier entre le syndicat, Arterail et nous-mêmes et il y a forcément des décisions à prendre en plus de savoir est ce qu'on l'on prend ou l'on ne prend pas. Il y a un sujet de financement de rester dans le budget, ce qui s'avère un défi ! Très franchement, ça s'avère un défi et je pense qu'il y aura un dépassement à la fin. Je ne donnerai pas l'enveloppe, peut-être, on la donnera à la fin. Pour l'instant, on ne va pas s'attirer le mauvais œil et on fait des visites régulières ici, mais c'est plus pour voir l'avancement parce qu'on n'est pas là pour... On n'est pas là pour dire aux gens ce qu'ils doivent faire, mais il y a forcément des discussions sur des points, sachant que la rénovation ne porte que sur la partie caisse, après il y a une révision, on va dire vérification des organes de roulement, chocs et traction, mais il n'y a pas la réfection de la partie châssis qui restera à notre charge. Les deux ASD, normalement, seraient prêtes, on va dire pour cet été 2024. Là, objectivement, on sait qu'il y a encore du travail jusqu'à la fin de l'année 2024. Donc c'est des voitures, pour on va dire la saison 2025. C'est ce qu'on imagine. Mais on voit bien que quand on va. Alors même si elles sont un peu éloignées, on voit bien que ça formera un très bel ensemble une fois qu'on aura terminé ce long et difficile chantier de restauration ou rénovation.
Pour se faire une petite idée de ce à quoi, la rame ressemblera une fois les cinq voitures restaurées, transportons nous dans un autre atelier d'Arterail que deux autres véhicules s'apprêtaient à quitter au moment du tournage de ce reportage en début d'été.
On est là pour venir faire la visite sur les deux voitures ASD. Ce sont les deux premières voitures qui vont être finies de rénover par la société Arterail dans le cadre du projet de développement du Train Touristique du Bas-Berry. Ces deux voitures ASD, sont parties de loin puisqu'elles étaient dans un état de délabrement assez avancé. Le syndicat intercommunal, syndicat mixte pardon s'est porté acquéreur auprès du Conseil Départemental de l'Isère pour acquérir ces voitures et a lancer derrière le financement des travaux pour qu'elles soient remises en état. Donc toute la partie haute des voitures, L'Intérieur, l'aménagement, tout ça, ça a été repris intégralement par Arterail.
Le châssis était à peu près correct et donc c'est essentiellement la caisse qui était à reprendre ?
Le châssis était à peu près correct. Il y a quand même deux ou trois choses qui ont été reprises, surtout sur les organes de frein. Il y aura après des choses qui seront faites aussi côté association, au niveau sur certains équipements qui seront contrôlés. Mais sinon, au niveau châssis, oui, il n'y avait pas de mauvaises surprises. C'est vraiment la structure bois en fait qui avait souffert sur les véhicules.
Outre le fait de faire une belle opération de sauvegarde, qu'est ce qui intéresse le Train du Bas-Berry dans le fait de pouvoir disposer de ces nouvelles voitures ?
C'est de disposer d'une capacité supplémentaire pour faire les trains, puisque à terme, on a une deuxième machine à vapeur qui est en cours de restauration. Donc, c'est pouvoir bénéficier d'une autre rame qui serait plus axée sur le nord de la ligne.
Et en termes de planning, donc, on voit que celle-là a été peinte. L'autre reste à peindre ? On est sur une fin de restauration, c'est-à-dire qu'elles vont bientôt partir chez vous.
Normalement, oui, fin juin devrait arriver à Ecueillé.
Et vous les mettez en service dès cet été ou est ce qu'il va avoir un peu de temps ?
Le but, c'était de pouvoir les mettre en service, commencer à les faire rouler cet été. Donc on va voir, ça va dépendre un petit peu… Au niveau graissage, au niveau, tout ça, ce qu'on a à faire en dessous. Mais après, le but, c'est de les mettre en service assez rapidement
Donc, le but de votre visite d'aujourd'hui, c'est un peu une visite de fin de chantier où il y en aura encore d'autres ?
Il y en aura encore d'autres des visites. Pas forcément sur les voitures ASD, mais sur les autres, sur les Nyon - Saint-Cergue. Mais fait, on fait des points hebdomadaires sur l'avancée du chantier, c'est un chantier classique et de temps en temps, on a des visites. Donc, là, c'était important de pouvoir faire une visite, d'avoir un visuel directement sur place pour voir l'aspect des peintures puisqu'on les avait vues en photo sur ordinateur et que lors des visioconférences, ça ne ressort pas toujours comme on le souhaite. Donc là où on a un visuel directement sur les voitures.
Et votre ressenti, celui de la petite équipe qui est venue là ?
Ha bah ça change ! Surtout que moi la dernière fois, je n'avais pas pu venir donc la dernière fois que je suis venu, la deuxième ASD, la 33, elle n'avait pas encore sa tolle en bas. Les fenêtres n'avaient pas été encore reposées, le toit, il n'avait pas été refait. Donc c'est vrai que moi, je suis passé dans un stade où la voiture a été complètement désossée, à un stade où celle-ci elle est quasiment fini et puis l'autre dans peu de temps, il y aura la peinture. Donc ouais, non, ça rend bien, ça rend bien !
Finalement, ces deux premières voitures ont bien rejoint et Ecueillé dans l'été, mais il restait encore quelques opérations à réaliser en interne à la Saba avant de les intégrer à des compositions. Il faudra par conséquent patienter encore un peu avant de les voir circuler sur la ligne.
Pour Arterail, ces travaux de restauration pour le compte d'associations de préservation du patrimoine ferroviaire restent une activité marginale. Son quotidien, ce sont principalement deux activités.
La principale, c'est la rénovation, la révision et la modernisation de matériels roulants ferroviaires plutôt récent. Donc on parle de tramways ou de métros, de trains de grandes lignes également, mais on travaille essentiellement pour les opérateurs de transports urbains. Et puis aussi pour quelques opérateurs, on va dire publics ou privés, qui ont du matériel roulant. Ça, c'est l'activité principale. On a une autre activité de conseil et d'étude technique liée au matériel roulant ferroviaire, donc tout ce qui roule sur des rails, mais aussi à l'infrastructure ferroviaire, c'est-à-dire les voies, l'électrification et les dépôts. Les deux activités sont complémentaires puisque de toutes façons on traite à la fin du même objet pour les mêmes clients. Simplement, dans un cas, on fait vraiment des activités physiques et industrielles. Dans l'autre cas, ce sont des activités purement intellectuelles.
Vos clients sont français ? C'est la SNCF, ça dépasse le cadre de la SNCF ?
Oui alors ce n'est pas tant la SNCF, même si on travaille depuis l'an dernier pour SNCF Réseau. Donc la partie infrastructure, on travaille beaucoup pour la RATP qui est un client important pour nous, pour les réseaux de tramways des grandes villes françaises. Donc, par exemple, Mulhouse, Nancy, on a beaucoup travaillé, évidemment, Strasbourg, Lyon, Toulouse, Bordeaux, etc. Aussi pour les Chemins de Fer de la Corse. Ça, c'est pour la partie française. Pour la partie étranger, on travaille pour quelques opérateurs privés qui ont du matériel roulant, mais qui ne sont pas en France. Donc, là, c'est plutôt du côté de l'Allemagne. Et puis on a quelques opérations du côté de l'Afrique et l'océan Indien
Alors vous l'avez aperçu le matériel roulant dont je parlais au début de ce reportage ? Je ne sais pas vous, mais moi, j'aimerais bien avoir un grand garage avec une rame Talgo dedans, ou alors tiens une du Golden Pass Express. Ça serait pas mal aussi hein ? Bon, je vous avoue, je ne sais pas trop où je pourrais les faire rouler, mais j'y réfléchis pendant que je vous prépare d'autres reportages. Ceux consacrés au modélisme ferroviaire sont de retour sur cette chaîne, il y en aura un lundi prochain, et il y en a eu un la semaine dernière. Si vous n'avez pas eu encore l'opportunité de le regarder, c'est par ici !
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