Une Voiture Corail-Ambulance

dans le parc de l'ARCET

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Une Voiture Corail-Ambulance dans le parc de l'ARCET

Transcription :

Il se passe pas mal de choses depuis quelque temps dans le milieu de la conservation de matériel roulant ferroviaire avec notamment plusieurs d'engins qui ont quitté la rotonde de Mohon près de Charleville-Mézières qui a longtemps été considérée comme une potentielle réserve servant à la Cité du Train de Mulhouse. Si vous n'avez pas suivi cette actualité, sachez que le site des rotondes de Mohon a été vendu à un industriel qui devrait y construire des wagons et qu'il a donc fallu vider ces lieux qui abritaient de nombreux engins pour la plupart moteurs, mais pas que.
L'essentiel de la collection a pu être sauvée, les machines ayant été attribuées à différentes associations réparties sur tout le territoire français. Dans ce vaste mouvement de redistribution, l'ARCET, l'Association Rhône-Alpine de Conservation d'Engins Thermiques s'est vue confier un véhicule plutôt rare, une voiture Corail ambulance qu'elle a réceptionné non pas à Lyon où ses activités ont démarré à l'abri de la rotonde de La Mouche il y a une 15 aine d'années, mais à Laroche-Migennes où elle est en train de prendre de nouvelles marques. Dans ce reportage, je vous propose une rencontre avec l'un des ses membres pour vous présenter la dernière arrivée et prendre des nouvelles plus générales de l'association. Bonjour et bienvenue dans Aiguillages !

Les voitures Corail Ambulance ont été construites pour la SNCF par l'entreprise de Dietrich à 27 exemplaires dans les années 70 et 80. Elles se répartissent en deux séries. 17 appartiennent à celles des VU-75, les 10 autres plus récentes à celle des VU-80. Garée en 1996 pour laisser, la place aux TGV pour les pèlerinages vers Lourdes l'une d'entre-elles appartenant à la série la plus récente des VU-80 a été envoyée à Mohon en vue de sa préservation. C'est cet exemplaire qui vient d'être confié à l'ARCET qui l'a réceptionné en début d'année.

On l'a reçue en février 2024 sur le site de Laroche-Migennes. Cette voiture a circulé pour la dernière fois en 2016, lorsque les trains de pèlerins se sont arrêtés. Elle a été construite en 82 par la société De Dietrich, donc elle a été affectée à tout ce qui est train de pèlerins essentiellement et les renforts train de neige lorsqu'il avait besoin. Cette voiture est similaire à une voiture Corail au niveau structure. Par contre, à l'intérieur, on peut voir qu'en fait, ce sont des lits, des brancards qui sont dans le sens de la longueur. Cette voiture, il y a deux configurations possibles là ici en configuration trois lits par hauteur, c'est la configuration groupe. Donc c'est les renforts train neige, les trains spéciaux quand il y avait besoin et juste derrière, ici, on a la configuration pèlerinage, c'est-à-dire qu'on a que deux personnes par hauteur, ce qui nous fait un total de 40 personnes sur toute la voiture. Il n'y avait pas, il y avait simplement... Toute l'équipe médicale n'était pas là pour la position groupe et après la position ambulance, il y avait toute l'organisation avec le médical.

Ça vous intéresse de la récupérer à titre patrimonial, je suppose... Ça va peut-être être compliqué de la mettre dans un train pour la faire rouler pour emmener des passagers ou est-ce que c'est quand même une idée ?

Tout est possible, tout est possible. Nous, ce qui nous intéresse surtout, c'est de pouvoir la remettre en service, de pouvoir la valoriser. Et ensuite, après on verra si éventuellement, on a la possibilité de faire toutes les démarches administratives et tout ce qui est maintenance pour éventuellement l'emmener sur le réseau national qui nous permettrait de faire des trains à thèmes en fonction des besoins, en fonction de ce qui est possible de faire. Là, on a commencé, il y a eu un gros travail de nettoyage de fait depuis février 2024 parce qu'elle avait été stationnée dans un endroit SNCF pas trop dégradé, donc c'était bien, mais il y avait beaucoup de poussière, un peu tout ça. Donc tout a été nettoyé, la basse tension a pu être remise en service. Comme vous pouvez le constater, l'éclairage est là et tout ce qui est haute tension, ça va être un travail après progressif en vue déjà, en statique d'avoir une voiture qui fonctionne et après, peut être plus tard, voir pour l'emmener sur le réseau national.

En basse tension, on voit bien, c'est tout ce qui est éclairage etc... En haute tension qu'est-ce qu'il y avait ?
Pour l'instant, on n'a pas expertisé la haute tension. On sait qu'il y a des choses qui ont été volées, qui ont été abîmées. Donc, pour nous, en fait, on va devoir s'assurer, faire l'état des lieux de ce qui fonctionne, de ce qui ne fonctionne pas, notamment tout ce qui est la ligne 1500 volts qui assure le chauffage, qui assure la charge batterie qui assure l'alimentation des CVS. Donc en fait ça fait plein d'organes haute tension à contrôler et ça, ça va se faire progressivement. Il y a deux possibilités pour l'alimenter. On a une possibilité avec une prise 380 qui elle va permettre à l'éclairage, à la charge batterie et à la ventilation hors chauffage de fonctionner. Et lorsqu'il y a la ligne 1500 volts, donc que ce soit par une locomotive ou des fois dans les points de garage, il y a des gros câblots qui sont au sol qui viennent amener le 1500. Là, ça permet après d'amener tout ce qui est chauffage.

Particularité de cette voiture qui effectivement ressemble beaucoup à une voiture Corail, c'est que l'on rentre par le milieu, je suppose pour des questions d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite puisque c'était quand même pour les pèlerins beaucoup de personnes malades, je suppose qui montaient dans ces trains ?

Exactement. C'étaient beaucoup de malades qui partaient en pèlerinage, essentiellement en direction de Lourdes. Donc pour permettre un accès plus facile effectivement sur toute la voiture. Au milieu, il y a une grosse porte PMR qui permet un accès plus large pour que les malades puissent monter. Aux extrémités, on retrouve les portes classiques pour pouvoir circuler entre les voitures et on a une porte d'accès comme une voiture corail classique pour après le personnel ou d'autres besoins.

Il y a ce couloir qui n'est pas tout à fait central ...

Effectivement, effectivement, le couloir est un peu décalé par rapport au centre de la voiture. Ici, on a un couloir large, de l'autre côté, on a un couloir plus fin et ce petit couloir-là permettait au personnel médical de pouvoir assister les malades qui étaient les plus lourds pour pouvoir se mettre ici avec ici au besoin un petit strapontin au besoin pour le personnel médical avec à côté des prises, s'il y avait besoin de brancher des appareils, peut être respirateurs, électrocardiogramme ou d'autres choses.

Et on peut accéder par ce petit couloir en accédant par là-bas au fond, parce qu ici, visiblement, il faudrait passer sur le lit. Alors quand même pas ? Il y a quand même un accès ?

En fait la voiture... Exactement ! On a un accès côté. Là où il y a la grosse plateforme vers les grosses portes. On a une petite porte, une grande porte. Donc le côté grand couloir, c'est la grande porte. Voilà. Et après la voiture, elle est complètement inversée par rapport à l'autre partie. D'un côté, tout au fond, on a le local pour l'agent d'accompagnement SNCF et de l'autre côté, on a une petite tisanerie.

Et ces voitures étaient intégrées dans des rames qui elles-mêmes étaient un peu avec des compositions spécifiques pour ce genre d'usage ?

Les trains de pèlerins sont... Avaient des compositions très particulières. Après, il y avait quand même des similitudes. Très souvent, quand il y avait des voitures ambulances, on avait des fourgons MC 76, essentiellement MC 76 d'un côté et d'autres fourgons de l'autre côté. Pour tout ce qui est alimentation, je pense en matière médicale, en nourriture et puis en besoins divers et variés pour la circulation du train.

Donc beaucoup de circulations entre Paris et Lourdes, je suppose ?

Ça venait de partout, un peu divers points de France. Voilà, tout allait vers Lourdes exactement.

Tant que les trains de pèlerins ont continué d'exister en fait ?

Voilà. Alors ce type de voiture ne circule plus. Mais par contre les trains de pèlerins existent toujours avec d'autres formes. Sous forme de TGV ou avec des voitures étrangères, les Italiens, les Suisses ont encore des trains de pèlerins, mais SNCF pure n'a plus de voitures ambulances de ce type dans son parc.

Ça a été une surprise pour les gens de l'ARCET de retrouver ce genre de voiture ? Avant que l'on ne vous propose de la conserver, vous aviez l'idée qu'elles existaient encore ?

Alors on savait que ce type de véhicule avait existé, mais par contre on s'attendait pas vraiment à ce qu'on nous propose ce type de véhicule. Donc on a vraiment... Ça a été un peu une surprise aussi. On s'est dit oui, on va relever le défi de récupérer ce type de voiture. On a des projets au sein de l'association. La voiture ambulance n'était pas vraiment dans nos projets, mais on a su ajouter ce projet-là dans nos projets et on est très content d'avoir récupéré cette voiture et de pouvoir la présenter aux visiteurs.

Histoire de donner quelques nouvelles de l'Arcet, l'association déménage progressivement son patrimoine à Laroche-Migennes ? C'est ça l'avenir ? Ça va être ici ?

Effectivement, Laroche-Migennes est un autre point de chute pour l'ARCET qui nous permet de stationner davantage de matériel que du côté de Lyon. Et ça nous permet aussi d'agrandir, d'avancer dans nos projets. Donc c'est une bonne chose.

Vous en êtes ou en ce moment ? La 72000 dont on a déjà beaucoup parlé dans Aiguillages est là maintenant, après être passée par Chalindrey, où elle a subi les travaux qui lui restaient à subir.

Toutes les opérations de maintenance ont été faites à Chalindrey. Il en restait quelques-unes qui ont pu être terminées ici. La CC 72064 a toute sa maintenance de faite, toute la maintenance nécessaire pour circuler sur le réseau national et tout ce qui est administratif, c'est envoyé à la région. Donc, là, maintenant, on est en attente des validations de tout ça pour avoir les autorisations nécessaires à circuler sur le réseau ferré national. Et nous envisageons déjà un train d'essai.

Le train d'essai, l'idée, c'est de valider votre capacité à organiser des trains historiques ?

Déjà au sein de l'association. Parce que c'est toute... On est une nouvelle association qui allons rentrer sur le réseau, même si ça fait des années que l'Arcet existe. Là, c'est vraiment un autre pas que l'on va franchir. Donc c'est pour nous association le rodage, comment ça s'organise, comment ça se prépare, etc. Et puis aussi toute l'organisation de la circulation. Et ce qui nous intéresse surtout, c'est de voir le comportement de la cc 72000 en ligne L'idée c'est déjà de faire des marches assez légères pour pas trop utiliser la locomotive, voir comment elle se comporte et après faire un deuxième essai avec un peu plus de charge.

Et ça , ça fait partie des projets de l'ARCET aussi, c'est que oui, vous aviez déjà cette locomotive, vous aviez la 67000, on pourra en reparler, mais c'est rien si vous n'avez pas des voitures. Donc il y a celle-là éventuellement... Quelles sont les autres possibilités ?

Alors avant on avait la chance d'avoir du matériel Corail sur le site de laroche-Migennes. Sauf que depuis décembre 2023, les rames tractées ne viennent plus à Laroche-Migennes. Donc d'ailleurs BFC n'a plus de rames tractées maintenant c'est Aura. Donc on aura eu la possibilité de louer une rame tractée. Mais bon, ce n'est plus possible. La solution après, c'est de louer ou de voir avec une autre association ou une autre région. Après ça implique un acheminement mais tout est possible. Ou la 72000 peut se déplacer en autonome. Aller chercher une rame d'une association qui a besoin d'une locomotive diesel par exemple, ça peut être fait dans l'autre sens.

Et des projets d'avoir à vous des voitures, c'est quelque chose qui est envisageable ?

Tout à fait. C'est dans les projets, on a divers projets. Bon bah cette voiture là est arrivée, c'était pas prévu, on l'a prise. Il devrait y avoir une voiture couchette qui devrait arriver aussi. Et après on a déjà fait des demandes pour d'autres types de voitures Corail et là, bon bah c'est en attente après de validation pour.

Oui, parce-que on est quand même dans une période charnière ou l'on voit bien que ces voitures Corails parfois ont une durée de vie qui est un peu prolongée par les régions, mais que ça va pas durer éternellement.

Ça ne sera pas éternel effectivement. Donc, là, on s'est déjà positionné sur quelques voitures. Après faut voir l'évolution par rapport aux besoins national, pas trop de voitures nationales ou pas, qui n'est pas assez que tout le monde ne préserve pas le même type. Donc, là, c'est au niveau de SNCF patrimoine et l'UNECTO pour la décision par rapport aux conventions de prêt derrière.

J'ai bien entendu qu'il y avait une voiture couchette qui était en projet ?

Tout à fait !

Plus celle-là. Vous allez faire des trains de nuit ?

Celle-là n'était pas prévue ! Initialement, on était parti sur la couchette. Bon bah, l'ambulance est arrivée, mais on ne va pas dire non à la couchette.

Mais la couchette, ce n'est pas une difficulté pour vous, à moins de faire des trains de nuit, mais je ne suis pas sûr que cela soit le projet ?

C'est une voiture couchette mais convertible. C'est-à-dire qu'on pourra aussi la mettre en configuration comme un compartiment classique ou la mettre en couchette. L'idée n'est pas de faire du train de nuit, mais ça peut être intéressant sur une circulation spéciale d'avoir un endroit couchette. Où effectivement, en statique pour pouvoir montrer la vie un peu à bord tout comme là, on l'a mis en mode groupe pour montrer comment c'est quand il y a 60 personnes par voiture où là quand il y a 40 personnes, ça peut être intéressant dans les cas de journées du patrimoine par exemple, de montrer, voilà, tel compartiment, la configuration, c'est comme ça en couchette, c'est comme ça en assis, sachant que c'est une voiture mixte, deuxième première classe, ce n'est pas l'aménagement... Est différent, il y a beaucoup d'utilité.

Je reviens sur les locomotives. La 72 000, on a compris, on pourrait la voir très très bientôt et ça c'est une excellente nouvelle. Une petite idée du parcours qu'elle pourrait faire ? À une époque, vous parliez de la rampe des sauvages, mais là vous êtes peut-être un peu éloigné, pour un train d'essai, ce sera peut-être plutôt dans la région Bourgogne ?

On ne va pas forcément prendre trop de risques. On va rester autour de Laroche- Migennes. On a différentes possibilités. On verra après laquelle a été retenue par SNCF Réseau et puis voir ce qui est faisable par rapport à nous.

La 67 000 ? Elle en est où quant à elle ?

La 67 382, elle est toujours au même endroit. Les batteries, les batteries sont faibles, donc on est en train de voir pour refaire toutes ces batteries. Après les batteries du 67 382, il y a aussi les essieux, donc on a un sujet sur les essieux et là, on commence un petit peu à attaquer tout ce qui est les démarches pour aller dans un atelier agréé SNCF, pour pouvoir commencer à tout faire, toutes les démarches imposées pour qu'elle puisse avoir les autorisations nécessaires à circuler sur le RFN.

Vous avez peut-être moins de travaux que ce que vous avez eu sur la 72 000, parce que sur la 72 000 si je ne me trompe pas, vous avez changé y compris un turbo récemment ?

Oui, il y avait eu ça, mais lorsqu'elle était à Chalindrey. Les travaux à priori sur le 67 382 ne sont pas énormes effectivement. Mais au fur et à mesure du temps, on n'est jamais à l'abri de telle ou telle surprise. Là, c'est vrai quand les batteries seront opérationnelles, on va relancer le moteur. On n'est pas à l'abri qu'il n'y ait pas un problème turbo ou autre.

Après, on verra, mais on croise les doigts, non ? Ça va bien se passer !

Je vous le souhaite !

Et la 67000 a vocation à rester à Lyon où elle va venir ici compléter ce patrimoine qui est en train de se constituer autour de Laroche-Migennes ?

Pour l'instant, il n'est pas prévu qu'il revienne à Laroche-Migennes pour l'instant, mais on verra en fonction de l'évolution de la situation par rapport au site de la Mouche. Dans tous les cas, s'il y a des grosses, des grosses difficultés à La Mouche, on sait qui peut venir à la roche. Mais après, on ne veut pas non plus faire 500 000 acheminements. On préfère faire de La Mouche un centre de maintenance centre de maintenance, soit Laroche, soit La Mouche. Si on a les autorisations de retourner là-bas.

C'est plutôt une association qui se porte bien et qui va certainement se porter encore mieux parce qu'à partir du moment ou il y aura des circulations, il y a des amateurs qui vont être attirés et ça va certainement vous faire un peu de bien financièrement aussi, parce que faire rouler des trains, c'est aussi faire rentrer de l'argent et c'est pas inutile quand on se lance dans une opération de préservation !

Il y a effectivement différents critères. Il y a le côté financier. Il y a aussi le côté motivation. L'association ça fait plus de dix ans qu'elle existe. C'est vrai que pour les personnes qui sont là depuis le début, c'est long, long, long et ça se comprend. Donc c'est vrai que malgré les bonnes étapes qui avancent par rapport à l'autorisation de circuler sur RFN de la 72 000, c'est vrai que pour ceux qui sont là depuis le début, c'est un aboutissement. Donc là de savoir qu'on est proche du but. Et après effectivement, quand il va y avoir le premier train ça va aussi, il y a le côté financier effectivement, mais c'est la satisfaction de tout ce travail réalisé des bénévoles. Exactement. Exactement. Beaucoup de bénévolat, exactement. Mais après, on sait très bien que l'arrivée des trains de nos trains en ligne va aussi motiver d'autres personnes.

Peut-être à venir aider pour ci pour ça. Et on est demandeurs. De toute façon, on est demandeurs !

La patience est une vertu qu'il faut savoir cultiver dans le milieu ferroviaire où rien n'est simple et rien ne se fait dans la précipitation. L'ARCET vient par exemple d'apprendre que son dossier pour la circulation de son premier train d'essai ne pourrait finalement pas être étudié en 2024, il faudra donc attendre l'an prochain pour espérer revoir rouler sa première protégée, la CC 72064. Celle-ci prend son mal en patience et reste en stationnement sous la rotonde de Laroche-Migennes aux côtés d'un autre engin historique, la 2D2 9135 que je vous avais présentée dans cet autre reportage.

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