Le Festival Vapeur au CMCF de Oignies
Le Festival Vapeur au CMCF de Oignies
Transcription :
Le Centre de la Mine et du Chemin de Fer se trouve à Oignies à une 30 aine de kilomètres au sud de Lille sur un site qui se veut être un musée vivant de la Mine, du Chemin de Fer et des Ambulants Postaux. Le CMCF occupe un bâtiment des anciennes mines de charbon de Oignies, baptisé centre Denis Papin, et construit sur le carreau de la fosse 2 de ce site industriel. Sa vocation est la préservation et la mise en valeur du patrimoine de la Compagnie du Nord. Une entreprise ferroviaire qui a exploité en particulier les lignes entre Paris et la frontière Belge, depuis sa création en 1845 jusqu'à son absorption par la SNCF en 1938. L'un des plus beaux fleurons de cette compagnie était sa Pacific 231 immatriculée 3 - 2180, avant d'être renumérotée par la SNCF 231 C 78. Depuis 1993 cette machine a été confiée pour sa restauration au CMCF.
La locomotive s'est retrouvée à Oignies en 1993, elle avait été arrêtée en 1961 après 30 ans de carrière, et elle avait été préservée par la SNCF, au titre du patrimoine, en vue d'un futur musée, on savait pas encore trop où il allait se trouver en France. Finalement elle n'a jamais été restaurée par la SNCF, elle a pas atterri à Mulhouse mais elle est arrivée chez nous puisque la machine sa particularité c'est qu'elle avait été fabriquée par les établissements Cail à Denain, elle était vraiment originaire de la région donc elle avait toute sa place dans la création du jeune musée du Centre de la Mine et du Chemin de Fer à l'époque, en 1993. Au départ elle arrivait pour une remise en peinture, et très rapidement au bout de quelques années l'équipe de l'époque a voulu aller plus loin en faisant un véritable travail de réhabilitation technique en vue de la remettre en marche dans quelques années. La machine a été arrêté depuis plus de 50 ans donc en 2009 on a pris la décision de désolidariser la chaudière de son châssis pour pouvoir intégralement l'expertiser et la contrôler. Le chantier se déroule actuellement en 2 phases : on a premièrement la chaudière, et deuxièmement on a le châssis, sachant que là on est en train d'achever la première phase, qui est la requalification de cette chaudière. La disparition du registre d'entretien qu'on n'a jamais réussi à retrouver malheureusement, nous oblige vis-à-vis de cette chaudière, à repartir d'une feuille blanche, comme si on avait une chaudière neuve, et à refaire ce qu'on appelle une note de calcul, donc c'est-à-dire à faire un maillage de la chaudière, à connaître ses caractéristiques de l'acier, revérifier l'ensemble des épaisseurs de la chaudière. Il y a eu plusieurs milliers de points qui ont été repris sur cette chaudière, en vue de rétablir cette note de calcul et voir si oui ou non on va pouvoir faire l'épreuve, à l'époque sachant que la machine était timbrée autour de 17 bars en circulation, ce qui nous oblige à faire une épreuve à 1,4 fois 17 bars.
Si mes calculs sont bons on est à pas loin de 24 bars pour le timbrage de la machine, 23,8 pour être précis. Ce n'est pas tout à fait par hasard que c'est cette locomotive qui a été choisie pour être préservée et représenter la série des 231 C, elle est la gardienne du souvenir d'un voyage tout à fait particulier.
En 1938, les souverains britanniques et le président français, voyant la guerre arriver, avaient décidé de commémorer l'entente cordiale, et donc à cette date-là, le roi George VI et la reine Elizabeth, qui avaient traversé la Manche, et pour venir jusqu'à Paris, c'est cette locomotive qui avait juste avant été carénée et repeinte en livrée bleue lors d'une rencontre britannique, qui avait eue l'occasion et l'honneur de tirer le train royal des souverains britanniques. En 2000, le secrétaire de l'époque avait eu le culot d'écrire en secret au consulat de Grande-Bretagne en vue de demander si la reine-mère, qui avait pris ce train, tiré par cette locomotive, souhaitait en devenir la marraine. La rein-mère, quelques temps après, avait répondu favorablement par un courrier disant qu'elle gardait un très bon souvenir de ce voyage, et qu'elle acceptait bien volontiers de devenir la marraine de la locomotive. Quand on aura fini le chantier, ce sera les petits enfants du prince William et de Kate Middleton, certainement, qui viendront inaugurer la machine, on l'espère.
On l'espère aussi, et on espère bien que l'on fera partie du voyage.
Mais rendons nous pour le moment au dernier étage du bâtiment principal qu'occupe le Centre de la Mine et du Chemin de Fer. En ce dernier week-end d'août, le 20ème festival vapeur de l'association bat son plein, et une bourse d'échange s'y tenait. Prendre un peu de hauteur permet aussi de jeter un œil sur l'impressionnante machine préservée au cœur du bâtiment. Elle pèse plus de 500 tonnes, et devinez quoi, c'est à la vapeur qu'elle fonctionnait à l'origine. Sa taille et sa puissance, en font la plus grosse machine à vapeur d'extraction d'Europe. Une partie de l'équipe du CMCF qui l'a déjà restaurée envisage d'ailleurs de lui redonner vie, en la dotant d'un moteur électrique.
La mémoire de la mine est également bien présente à l'étage en dessous, grâce à un réseau à l'échelle I dont la construction est due à d'anciens mineurs. Sur un plateau de pas moins de 200 mètres carrés, évoluent des trains à l'échelle 1/32ème, circulant sur des voies en 45 mm. A l'origine, l'idée était d'exploiter ce réseau en vapeur vive, mais l'installation d'un dispositif de sécurité anti-incendie, est venu quelque peu perturber ce projet. Le plafond étant relativement bas, les machines chauffées à l'alcool ont tôt fait de déclencher l'alarme. Ce réseau est construit autour de la représentation du site du carreau 2 de la mine de Oignies, et plus particulièrement du bâtiment dans lequel nous nous trouvons.
Ici, nous sommes sur un réseau assez exceptionnel, puisque la plupart des éléments qui composent le décor sont en papier : papier, bois, etc. l'ensemble des animations, puisque c'est un réseau interactif, l'ensemble des animations, tous les circuits imprimés, etc, tout est fabriqué par les membres du club. Nous avons des trains entièrement en carton de calendrier ou en pot de yaourt. Alors quand je dis pot de yaourt, c'est plus facile de faire comprendre aux gens ce qu'est un pot de yaourt que si je leur dis « plasticard », c'est du pot de yaourt un peu plus épais. Nous sommes spécialisés là-dedans, et au club, nous sommes 100, à peu près répartis au tiers entre la voie normale, le 5/7 donc les trains à vapeur que nous construisons ici, et les petites échelles.
Du z au O, en passant par le t, le n, le ho le G et le I, sans oublier le 5 pouces et le 7 pouces ¼, toutes les échelles sont pratiquées au CMCF, et vous trouverez au moins un diorama à chacune de ses échelles, si ce n'est un réseau complet.
Maurice aime à rappeler qu'ici on pratique le modélisme ferroviaire, cette discipline qui amène à fabriquer le maximum de choses par soi même, en faisant appel à un grand éventail de compétences. Les personnages sont en pâte à modeler, les arbre en pommes de pin, les traverses sont en bois, les batiments en papier ou en plastique. En revanche, il ne s'agit pas de reproduire à l'identique un site particulier, mais plutôt de prendre à droite et à gauche des éléments qui semblent intéressants à représenter et de les placer sur le plateau.
Le CMCF pratique toutes les échelles, et tous les modes de traction ou d'exploitation pour ses réseaux. Pour voir du digital, il suffit de se déplacer de quelques mètres et d'aller à la rencontre d'Erwan Bazin. Venu en simple visiteur au festival vapeur il y a quelques années, il en est reparti un carton sous le bras, contenant un kit pour débutant. Quelques temps plus tard et fort de ses premières expérimentations, il est devenu membre du club, au sein duquel il a proposé la création d'une section dédiée au digital.
Ça fait depuis 2005 que je suis passé au digital. J'ai acheté en venant ici à Oignies, lors d'un festival, un coffret de base Roco, Multi Maus débutant, avec la première souris, la petite souris avec les 4 fonctions. Et après, je n'ai plus quitté le digital, je me suis intéressé, et un jour en 2010, pour l'ouverture au public, je suis venu ici avec un copain, Jérémy Antunes , avec qui j'ai découvert le site, et on a su qu'ils cherchaient de la nouveauté. Donc sachant que j'avais déjà la base du digital, donc après au fur et à mesure, on nous a donné cet emplacement. Donc là on est sur un 7 mètres par 3, ce qui est déjà pas mal. Le décor est un décor architecte, parce que le décor est abstrait ici, c'est une réseau de démonstration, mais on peut quand même y jouer. Il y a le logiciel train controller qui me sert d'automate. Moi j'ai 24 cantons, donc je peux faire circuler 6 trains correctement, en mode semi-automatique : je les lance une première fois, et après l'ordinateur gère le tout, les ralentissements, l'accélération … parce que j'ai également procédé aux profils de vitesse, ce qui permet d'avoir d'excellents ralentis, quand es CV sont bien programmés.
Entrons encore dans une autre salle, ou plusieurs réseaux et dioramas sont installés. Passons rapidement devant ce grand réseau Ho, car à défaut de pouvoir tout vous montrer, il va bien falloir faire des choix. Le principal intérêt de cette maquette pour les membres du club, est que son fonctionnement est très largement automatisé. Cela permet d'offrir un spectacle de qualité au public, tout en pouvant se concentrer sur d'autres tâches qui requiert plus de présence.
Le réseau en 0 par exemple, sur lequel se côtoient de très vieux trains jouets et de très modernes motrices digitales. Pour créer une issue de secours aux normes à cet étage, il a fallut renoncer à quelques précieux mètres carrés, ce qui a engendré quelques difficultés supplémentaires
le problème, c'est qu'on s'est retrouvés avec des rampes relativement inclinées, où les machines ne peuvent pas supporter l'inclinaison. Donc il a fallu trouver une solution pour accéder à ce qu'on avait besoin au niveau du viaduc, qui est quand même à une hauteur de 60-70 cm. Donc on a pris le solution d'un pont-levis pour la partie d'automatisme des positions qui sont nécessaires pour atteindre les niveaux autres sans avoir besoin de mettre de voies supplémentaires qui encombreraient l'ensemble des accès. Donc là vous avez un exemple de ce qui est fait pour pouvoir accéder au niveau supérieur avec précision. Ce sont des systèmes qui sont montés sur des moteurs, avec des précisions qui sont de l'ordre du 10ème et qui assurent la pression nécessaire. La machine va arriver, va attendre que le plateau soit disponible, va monter sur ce plateau pont-levis, va atteindre le niveau, et à ce moment-là le pont-levis va simplement laisser partir la machine à ce niveau, et reprendre son niveau initial, de telle façon à attendre la prochaine machine.
On connaissait les ascenseurs à bateaux, vous connaîtrez désormais les ascenseurs à trains.
Quand à nous, nous allons tout simplement prendre les escaliers pour descendre au rez de chaussée, ou nous jetterons un œil sur un autre réseau entièrement automatisé. Un réseau en LGB, installé sur 80 mètres carrés.
Et pour terminer notre visite, allons faire un petit saut à l'extérieur du bâtiment, histoire de profiter un peu du réseau en 5 et 7 pouces ¼ de l'association. Vous vous souvenez peut-être de Daniel ? Nous l'avions rencontré à Bruxelles, au Petit Train à Vapeur de Forest. Hé bien nous le retrouvons ici, en ce jour de festival vapeur, car les deux associations le PTVF et le CMCF sont jumelées. Installons nous confortablement à bord du train tracté par Daniel pour un petit tour du réseau. Daniel vient de confectionner une nouvelle rame, et pour que ses passagers soient installés au mieux à son bord, c'est sur les anciens sièges du salon de coiffure de sa sœur, qu'ils sont invités à prendre place. Quand on vous dit que chez les modélistes rien ne se perd, en voilà s'il en était besoin, une nouvelle preuve.
Mais que se passe-t-il ? Voilà que des mineurs en grève sortent du bâtiment principal pour manifester. Messieurs, pour la visite de l'atelier de la machine à vapeur, il vous suffit de revenir au début de ce reportage.
La semaine prochaine dans Aiguillages, nous irons dans le Cher, rendre visite aux membres de la section modélisme Ferroviaire de l'UMDC, l'Union Méroise pour le Développement de la Culture, et nous découvrirons leurs deux réseaux inspirés des environs de la commune de Mer ou le club est installé.
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