Le Chemin de Fer du Bocq

Festival 2017 (Belgique)

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Le Chemin de Fer du Bocq Festival 2017 (Belgique)

Transcription :

Elle est considérée comme la plus belle des lignes de Belgique, la 128 n'est aujourd'hui plus exploitée par la SNCB, mais par l'ASBL Patrimoine Ferroviaire et Tourisme, qui fait rouler entre Bauche et Ciney des petits autorails panoramiques, après avoir reconquis mètre après mètre des kilomètres de voies qui avaient été laissés à l'abandon. Ce Chemin de Fer Touristique s'appelle le Chemin de Fer du Bocq, du nom de la vallée et de la petite rivière qu'elle longe jusqu'à ce qu'elle se jette dans la Meuse. Et chaque année, cette ligne est le théâtre d'un festival dont l'épicentre ce situe à Spontin. Je vous y emmène, dans ce premier numéro de la saison 10 d'Aiguillages.

Je vous en ai parlé tout au long de la saison dernière, vous avez pu suivre pas à pas la construction du réseau la gare de Spontin, et comme promis, je suis allé sur place cet été. Aujourd'hui, dans Aiguillages le Festival du Chemin de Fer du Bocq. Bonjour et bienvenue dans ce premier numéro de la saison 10 d'Aiguillages.

Si c'est la première fois que vous passez par ici sachez qu'Aiguillages ce sont chaque semaine deux reportages le lundi et le vendredi dans lesquels sont mis en valeur des talents et des initiatives dans les domaines du tourisme et des loisirs ferroviaires. Alors si vous aimez les trains quelle qu'en soit l'échelle, abonnez-vous à la chaîne Youtube d'Aiguillages et activez les notifications pour être sûr d'être informé de la publication d'un nouveau reportage. Vous pouvez également vous rendre sur le site www.aiguillages.eu et inscrire votre adresse mail pour faire partie des aiguillonautes qui reçoivent ces reportages directement dans leur boîte mel.

Spontin c'est dans la partie Wallone de la Belgique, plus précisément dans la province de Namur, et le temps du week-end prolongé du 15 août c'était le cœur du festival annuel organisé par l'ASBL Patrimoine Ferroviaire et Tourisme. Une association qui gère un très gros parc de matériel roulant, réformé par la SNCB, la Société Nationale des Chemins de Fer Belges. Ces voitures, wagons et locomotives diesels ou vapeur qui stationnent habituellement dans l'un des dépôts du PFT trouvent là une occasion de venir rouler sur une ligne qui n'est plus exploitée par la SNCB, depuis les années 80, la ligne 128, reliant Ciney à Yvoir que Patrimoine Ferroviaire et Tourisme exploite partiellement le reste de la saison tous les dimanche et jours fériés de juin à septembre à l'aide principalement de petits autorails de la série 46. Cette année les conditions d'exploitation étaient un peu particulières car Infrabel, le gestionnaire de l'infrastructure ferroviaire belge a procédé à des travaux sur la ligne 162 dite du Luxembourg afin de pouvoir augmenter la vitesse de circulation des trains en augmentant le rayon des courbes rencontrées sur la ligne. Or sur quelques centaines de mètres, celle-ci est voisine de celle exploitée par le Chemin de Fer du Bocq qui a dû être déplacée de quelques mètres. Des travaux qui ont été réalisés par les membres de l'ASBL Patrimoine Ferroviaire et Tourisme, qui n'ont pas eu le temps d'en refaire le ballast. Fort heureusement ils ont néanmoins obtenu l'autorisation de faire transiter à faible vitesse par cette portion de ligne, le matériel destiné à être exploité au cours du festival, mais pas celle d'y faire circuler des trains embarquant des voyageurs. Par conséquent, le parcours du côté de Ciney, était limité à Braibant d'où des navettes de bus étaient organisées pour permettre aux passagers qui le souhaitaient de partir de Ciney ou de rejoindre le terminus habituel de cette ligne.
Entre Ciney et Braibant, les deux lignes ont été établies en parallèle. Puis, la ligne 162 oblique vers l'ouest, en direction de Spontin et de la vallée de la Meuse. Elle suit celle du Bocq qui en est un affluent. La rencontre entre les deux rivières se fait à l'autre extrémité de la ligne. Ici, le dénivelé est relativement important. Pour limiter la rampe à une valeur de 16 pour mille, une tranchée a été aménagée pour y loger la voie ferrée. Après le franchissement d'un viaduc à 3 arches, notre train se présente à l'entrée de la gare de Spontin. Sans surprise le signal est fermé. Spontin, première gare de croisement que nous rencontrons sur notre chemin est le cœur du festival. C'est là que les locomotives à vapeur sont mises en chauffe, font leur plein en eau et en charbon, là également que les locomotives diesels attendent patiemment de prendre leur service. Pour varier le plaisir des visiteurs, à chaque passage par Spontin au moins l'une des deux locomotives que compte chaque convoi est changée. Du fait que la ligne est à voie unique de bout en bout, chaque convoi est en effet doté de deux machines, chacune assurant la traction du train dans l'un des sens de circulation, les machines diesel assurant même parfois une pousse discrète pour aider leurs aînées à vapeur dans les rampes les plus sévères rencontrées dans le sens Yvoir-Ciney. Durant le festival, les horaires des trains sont cadencés, il y en a un toutes les heures dans chacune des destinations. Au total ce sont trois rames historiques qui assurent le spectacle.
La machine à bord de laquelle nous avons pris place est une cinquante et une.

Ça roulait aussi bien en voyageur qu’en marchandise, et ça a été classé dans les années 2000 à peu près. D’habitude, je conduis plus du matériel moderne de la SCNB. J’ai commencé il y a une dizaine d’années où le PFT cherchait certains conducteurs qui avaient des licences infrabels pour pouvoir entrer en gare de Ciney. J’étais toujours un peu attiré par tout ce qui était chemin de fer par rapport au métier que je fais vu que je suis conducteur de train, et je me suis retrouvé à donner un petit coup de main de temps en temps pour conduire les trains et les autorails qui entraient en gare de Ciney et petit à petit je me suis impliqué de plus en plus. Ça se passe comme avec un train normal, par rapport à la connaissance de lignes, on sait quand il faut tractionner, par rapport au type de matériel derrière, s’il faut plus d’aide ou pas, donc on connaît bien la déclivité de la ligne et c’est par rapport à ça qu’on gère s’il faut tractionner ou pas. C’est un peu la plus belle ligne de Belgique, comme on dit. C’est la ligne 128 qui allait de Ciney à Yvoir et actuellement on exploite le tronçon entre Ciney et Bauche et on espère bien dans quelques années continuer de Bauche à Yvoir.

En sortie de la gare de Spontin, notre train s'engage dans l'un des 5 tunnels de la ligne. Il mesure 500 mètres. Le plus connu de ces tunnels est celui d'Yvoir. Il doit sa notoriété au fait d'avoir abrité le train d'Hitler en octobre 1940, alors qu'il se rendait à Montoire en France pour y rencontrer Pétain. Je vous ai d'ailleurs raconté cette histoire dans un autre reportage, consacré au Chemin de Fer de la vallée du Loir qui dessert précisément ce lieu de mémoire et ou un autre tunnel ferroviaire a servi au même usage. Mais nous voici arrivés à la gare de Dorinne-Durnal et son actuel propriétaire nous attend pour nous raconter l'histoire de la renaissance de ce lieu.

Je vous présente la gare de Dorinne-Durnal qui est une gare située sur la ligne 128, l’ancienne ligne de la SNCB qui reliait auparavant Ciney à Yvoir. Nous avons le village de Dorinne qui se trouve à 20 km d’un côté et le village de Durnal. Le nom de la gare est un nom composé, c’est assez bizarre d’avoir un nom composé mais il y avait une petite guéguerre entre les habitants de Dorinne et les habitants de Durnal parce que les deux localités voulaient être desservies par la gare, la limite entre les deux communes c’est la rivière qui se trouve 10 mètres derrière moi. Alors Durnal, qui avait plus d’habitants, revendiquait le nom. Dorinne, sachant que la gare se trouvait sur le territoire de Dorinne, revendiquait le nom également. Un compromis a été trouvé, on a donné les deux noms à la gare mais en donnant la priorité à Dorinne parce que nous sommes sur le territoire de l’ancienne commune de Dorinne. Evidemment avec la fusion des communes, tout ceci sont des luttes qui n’existent plus, Dorinne, Durnal, Spontin et d’autres villages ont été regroupés en une seule commune qui est la commune d’Yvoir.

Jusque dans les années 60, la gare de Dorinne-Durnal a vu passé des voyageurs, par la suite ce ne sont plus que des trains de marchandises qui servaient au transport de pierres extraites de carrières situées le long de son parcours qui continuèrent à passer sous ses fenêtres.

C’était une gare principalement affectée au trafic de marchandise, au transport de pierre. Parce qu’il y a énormément de carrières ici, la grande richesse de la région ce sont les carrières, alors on devait acheminer toutes les pierres, les acheminer par route ce n’était pas possible parce que les routes n’existaient pas, il y avait juste des chemins alors on a trouvé plus facile de construire des chemins de fer pour cela. Cette ligne a été construite en 1907 et a été exploitée en service marchandise jusque dans les années 80. Le service voyageur a été abandonné dans les années 60 parce que ce n’était vraiment pas très pratique, les habitants de Dorinne devaient descendre jusqu’à la gare donc faire 2 kilomètres pour rejoindre le train et dans l’autre sens, 2 kilomètres en montée particulièrement ardue pour les habitants de Durnal c’était la même chose alors le service voyageur a vite été abandonné, surtout avec l’essor de l’automobile et la naissance de circuits d’autobus avec une ligne particulière qui relie Dorinne à Spontin.

Avec la fin du service voyageur sur la ligne 128, la destinée de la gare de Dorinne-Durnal l'a amené à s'éloigner assez fortement de ses origines purement ferroviaires.

Elle a été abandonnée dans les années 60, et dans un premier temps la SNCB l’a revendue à une personne qui en a fait un refuge pour animaux. La gare n’a plus été spécialement entretenue, après elle a été revendue à des gens qui en ont fait un restaurant, un restaurant qui n’avait pas la meilleure réputation ! Il a bien vite eu des problèmes avec l’agence pour la sécurité alimentaire et des problèmes avec les autorités, je n’en dis pas plus ! Il y avait, fatalement à la suite de ça, beaucoup de problèmes financiers, les propriétaires ont dû vendre la gare et c’est à ce moment-là que je me suis rendu compte qu’il y avait une opportunité d’acheter une vieille gare, j’avais spécialement envie d’avoir une gare mais le PFT qui s’occupe de la préservation du patrimoine ferroviaire, le patrimoine ce n’est pas seulement les locomotives, les voitures, c’est aussi les gares et je me suis laissé tenter, j’ai racheté cette gare !

Et avec ce rachat, c'est un gros chantier qui attendait son nouveau propriétaire qui a tenu à lui redonner son lustre d'antan.

La gare était à l’abandon. C’est normal, lorsqu’il y a eu le refuge pour animaux on n’a plus pensé à l’aspect ferroviaire de la gare, surtout qu’il n’y avait plus de trains qui circulaient, après ça quand il y avait le restaurant les gens s’en fichaient complètement donc j’ai retrouvé une gare à l’abandon. Alors ce que j’ai voulu faire, c’est d’abord redonner un extérieur ferroviaire à la gare donc on a construit des quilles, les quilles qui avaient totalement disparu, et j’ai été recherché sur base e photos d’époque, quelle était la configuration de la gare en 1907, c’est ainsi que nous voyons derrière nous des barrières blanches qui sont des barrières typiques de la ligne et de la SNCB, je les ai recherchées. J’avais envie d’avoir un passage entre ici et l’esplanade, j’ai fait construire spécialement par un menuisier des portillons, ces portillons sont dans le même style exactement que les barrières qui sont là. J’ai fait reconstruire le quai sur base des photos d’époque, j’ai vu qu’il y avait devant la gare un quai en pavé, qu’il y avait des gravillons, de l’autre côté des gravillons également et c’est sur base de toutes ces photos que j’ai fait refaire la gare comme elle est actuellement.

Une très belle restauration et un regard qui porte désormais plus loin, au-delà du terminus actuel de la ligne qui est établi à Bauche. Les bénévoles du PFT qui ont déjà fait beaucoup pour la remise en état de la portion actuellement exploitée par le chemin de fer du Bocq, s'affairent autour de cette commune à remplacer rails et traverses qui n'ont plus vu circuler de trains depuis fort longtemps. Dans leur ligne de mire, la gare d'Yvoir, mais sur le chemin, un tunnel de plus d'un kilomètre dont la voute n'est pas dans le meilleur état et un pont métallique qui serait à remplacer, sans compter la voie qui a totalement disparue sur les derniers mètres qui permettraient d'atteindre la gare au cœur de la commune. Un projet qui du coup, pourrait mettre des années avant d'aboutir.

En attendant le prochain festival, les petits autorails du chemin de fer du Bocq circulent régulièrement de juillet à début novembre, quelques trains spéciaux sont également organisés à certaines dates, vous trouverez tous les détails sur le site cfbocq.be, et le reste du temps, les bénévoles du PFT s'attachent à poursuivre les travaux de restauration de la voie et s'enorgueillissent de pouvoir parcourir en train chaque année quelques centaines de mètres supplémentaires sur celle qu'ils considèrent comme étant la plus belle des lignes de Belgique.

La semaine prochaine dans Aiguillages, nous nous rendrons à Amiens pour parcourir une exposition organisée au printemps dernier par l'Association des Modélistes Amiens Longueau.

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