Le Chemin de Fer Touristique

du Pays de l'Albret

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Le Chemin de Fer Touristique du Pays de l'Albret

Transcription :

­Bonjour et bienvenu dans Aiguillages. Un peu de tourisme ferroviaire cette semaine, on va aller à Nerac ou circule le seul train touristique du département du Lot et Garonne, Le chemin de fer touristique de la vallée de l'Albret. Dans le reportage qui arrive je vous promets de vous dire toute la vérité, rien que la vérité, je vous précise ça parce-que dans la région le mensonge est élevé au niveau de grand art.

Le chemin de fer touristique de la vallée de l'Albret circule sur l'ancienne ligne qui reliait Nérac à Mont de Marsan, il rejoint le village médiéval de Mézin. Sur ces terres gasconnes, du fief d'Henri IV à celui d'un ancien président de la république, les voyageurs qui empruntent le train se promènent à travers l'histoire.

La balade est commentée par une jeune salariée de l'association Magda Béatriz passionnée par la région ou elle habite, elle termine auprès du chemin de fer touristique du pays de l'Albret une formation en alternance dans le secteur du tourisme. On découvre ainsi tout au long du trajet l'histoire de la région qui en filigrane, raconte celle de la France. On y apprend qu'Henri IV a séjourné à Nérac, ou son château a été conservé et se visite, et qu'un président de la république française, est né et mort à Mézin. Maire de Nérac, il sera ensuite député et membre du gouvernement avant de devenir l'un des présidents de la troisième république, un poste qu'il occupera entre 1906 et 1913. Il s'agit d'Armand Fallières. Toute la région se souvient encore d'une visite qu'il lui avait rendue avec sa suite, en octobre 1907, alors qu'il était en fonction. Il était venu en train à Mézin. La locomotive qui était repartie se garer à Nérac, avait alors déraillé à l'entrée de la ville, heureusement sans faire de victime, mais en bloquant la ligne à toute circulation.

A l'époque la gare de Nérac était assez conséquente, car il s'agissait d'une gare de bifurcation à la jonction entre les lignes de Port-Sainte-Marie et Riscle et Nérac-Mont de Marsan et son aspect était tout autre que celui qu'elle présente aujourd'hui, car elle était dotée d'une marquise. Il faut aussi imaginer que le site était occupé par un château d'eau, un pont tournant de 14m, une grande remise à locomotives ainsi que tous les bâtiments annexes habituellement présents dans les gares de cette importance à l'époque. Celle de Nérac a été mise en service en 1880 avec l'inauguration de la ligne Port-Sainte Marie – Condom qui sera par la suite prolongée jusqu'à Riscle. La ligne de Nérac à Mézin a été ouverte quand à elle en 1889 et prolongée jusqu'à Mont-de-Marsan fin 1897. Au moment de la création de la SNCF en 1938, le service voyageur y est fermé. Seuls des trains de fret continueront à circuler jusqu'en 2007. A partir de 2004, quelques voyageurs pourront de nouveau emprunter la ligne jusqu'à Mézin, grâce à l'ouverture d'une première exploitation de la ligne en train touristique. Mais l'exploitant de l'époque prend sa retraite et cette activité cesse en 2013. Peu de temps après, c'est Xavier Passini, exploitant d'un autre train touristique à Châteaurenard dans les Bouches du Rhône qui a été contraint de cesser ces circulations la-bas, qui relance la ligne.

On l'a reprise en 2014, donc il y a eu une petite interruption de 3 ans et c'est un peu par hasard que nous avons repris ce train, car nous exploitions un train touristique en provence, sur une ligne de la RDT13 tout près d'Avignon entre Barbantane et Châteaurenard, Plan d'Orgon, et malheureusement on a été obligé d'arrêter l'exploitation sur cette ligne parce-que la RDT13 a voulu la reprendre pour la consacrer à son activité d'autocars qui était grandissante à l'époque, et ils ont souhaité récupérer les gares pour dédier les emprises à leur activité d'autocars. Donc, on s'est intéressé à la reprise d'une nouvelle ligne dans notre région. Il y a eu plusieurs projets dans notre région, en Languedoc-Roussillon, et même en région Paca qui n'ont malheureusement pas pu aboutir malheureusement, et on s'est finalement rabattu sur cette ligne qui n'était pas dans notre région, mais qui nous plaisait bien et que nous connaissions déjà à l'époque, et on a décidé de reprendre l'activité, car c'était un peu dommage de laisser cette ligne probablement tomber dans le déferrage, parce qu'il y avait déjà à l'époque quand on a repris la ligne, des menances de déferrement pour en faire une voie verte.

Le matériel roulant utilisé par l'ancien exploitant ayant été revendu au moment de sa cessation d'activité, c'est celui qui était en circulation à Châteaurenard qui a été transféré ici.

On a une locomotive à vapeur type 030 TU, la 030 TU 46, ensuite on a deux locotracteurs, le Y 6546 et le Y 6233 et nous avons également un draisine DU 65 et ensuite en matériel roulant nous avons un parc de 6 wagons voyageurs dont 2 baladeuses et nous avons également un peu de matériel marchandise, puisque nous avons 4 wagons plats, dont 3 très anciens de 1891 et nous avons un fourgon T, ainsi qu'un G40 couvert.

Du matériel qui vient de Suisse et qui était d'ailleurs arrivé à Châteaurenard depuis Bâle par voie ferrée, étant intégré dans un train de fret. Il s'agissait de voitures de cantonnement qui ont été transformées pour le transport des touristes en Provence. Pour déménager ici, à Nérac, il leur a fallu prendre la route et arriver par convoi exceptionnel. L'an dernier, les premiers essais de traction vapeur ont eu lieu, une 10aine de trains a été réalisés. 2020, aurait du voir circuler régulièrement la petite 030 TU en tête des trains de l'association mais des dossiers administratifs qui n'ont pas pu être traités avant le début de la saison en raison du confinement n'ont pas permis de les reprendre cette année.

Cette locomotive à traversé l'Atlantique avec beaucoup d'autres dans le cadre du plan de soutien des Etats-Unis à la France en guerre contre l'Allemagne. Elle a été construite à Pitsburg en 1943 par la société Porter et a participé aux opérations de débarquement des alliés en juin 1944 puis à l'acheminement de trains de munitions, de transports de troupes et de blindés. Quand au loco-tracteur qui a assuré les trains de l'été 2020, il n'a pas beaucoup chômé non plus, tout au long de sa carrière.

Alors lui, il a une carrière plus classique … c'est quand même amusant, parce-que c'est quand même un loco-tracteur ex-SNCF, mais avant d'être à la SNCF, il faut savoir qu'il appartenait à la CPO, c'est à dire à la Compagnie des Pyrénées Orientales, qui était une compagnie privée, qui a disparu dans les années 80 je crois, qui exploitait 3 lignes dans les Pyrénées orientales, donc il a été repris par la SNCF et ensuite il y a poursuivi une assez longue carrière, principalement au dépôt de Dijon Perrigny. Et ensuite, il a été racheté par une entreprise Gardoise qui fabriquait des fûts métalliques et qui avait un embranchement particulier, donc il a roulé dans cette usine, à Laudin très exactement, jusqu'à ce que la SNCF arrête le trafic de la ligne et bien sur l'entreprise n'ayant plus l'utilité de ce loco-tracteur, l'a mis en vente et nous l'avons acheté. Il a été utilisé à Châteaurenard, et il a ensuite été transporté ici, donc vous voyez il a un parcours quand même assez mouvementé.

Deux autres loco-tracteurs ex SNCF ont été récupérés auprès de l'éco-musée de Sabre-Marquèze. L'un d'eux est arrivé à Nérac, l'autre est toujours à Sabre mais devrait prochainement être acheminé jusqu'ici. Le parcours du Train Touristique de l'Albret comprend le deuxième plus long tunnel ferroviaire de France, traversé par un train Touristique. Celui de l'Amothe-Douazon. Il est long de 1237 mètres et se signale aux passagers du train bien avant qu'il ne soit visible, par une notable baisse de la température extérieure. Quelque dizaines de mètres avant de franchir l'entrée du tunnel la fraîcheur commence à se faire sentir. Ici, quelque soit la saison, le thermomètre affiche une 10aine de degré seulement. C'est frais en été, surtout par les temps caniculaires que l'on a connu en juillet et en août, mais c'est plus chaud que la température ambiante dans la région en hiver. Des conditions que les barbastelles d'Europe, une espèce de chauve souris en voie de disparition apprécient tout particulièrement. Elles viennent en nombre y élire domicile et hiberner. Une période durant laquelle le train ne circule pas, et ou le tunnel est fermé pour préserver leur tranquillité.

Le train arrive à Mézin après un trajet d'une petite heure. Les passagers ont la possibilité de repartir immédiatement dans l'autre sens, ou d'attendre le prochain, en allant visiter le village médiéval qu'ils peuvent rejoindre en quelques minutes de marche. Quand au locotracteur, il ne se remet que rarement, en tête de sa rame à cette extrémité de la ligne.

C'est un petit peu compliqué en gare de Mézin, au terminus, en réalité, on peut faire la manœuvre, mais c'est assez compliqué, c'est une manœuvre qui est longue, du fait que la voie de croisement qui existe appartient pour moitié à la SNCF donc on peut l'utiliser, mais l'autre moitié appartient à une entreprise agricole, qui ne souhaite pas que l'on pénètre dans ses emprises, ce qui fait que l'on ne peut pas aller jusqu'au bout du raccordement et faire la manœuvre complète. On peut ruser et faire quand même une manœuvre, une manœuvre à l'ancienne, mais c'est un peu compliqué et pour des raisons de simplicité, actuellement on fonctionne en mode réversibilité traditionnelle, avec une vigilance radio et donc une réversibilité classique et ça fonctionne bien.

La vigilance radio est assurée en tête de train, par Magda, qui guide maintenant le conducteur. Sur le chemin aller, entre autre anecdote, elle aura parlé aux voyageurs du festival des menteurs, qui se déroule habituellement dans le village tout proche de Moncrabeau. La bas siège une académie des menteurs qui chaque année élit son roi, le premier dimanche d'août. La couronne revient à celui des membres de l'académie qui a raconté la plus grosse menterie. Assis sur un siège de pierre installé au centre du village, il doit inventer et déclamer une histoire fausse, mais la plus vraisemblable possible. Cette année, le festival n'ayant pu avoir lieu dans les conditions habituelles, les menteurs ont été invité à venir raconter leurs histoires à bord de plusieurs trains spéciaux qui ont circulé au mois d'août. Une animation parmi celles que le Chemin de Fer Touristique du Pays de l'Albret organise tout au long de sa saison touristique qui s'étend de début avril à fin octobre. Le reste du temps est occupé à l'entretien de la voie et du matériel roulant et ce n'est pas le travail qui manque pour la petite équipe sur laquelle peut compter l'association, qui ne manque pas pour autant de projets. Parmi ceux-ci il y aurait celui de pouvoir rouler sur la deuxième ligne traversée par la gare de Nérac, en direction de Condom et de Port-Sainte Marie, mais celle-ci est fortement menacée de déferrement. Les élus locaux rêvent d'installer en lieu et place de la voie ferrée devinez-quoi ? Une voie verte. Aller ça ne va pas m'empêcher de vous donner rendez-vous la semaine prochaine, pour d'autres aventures sur les rails.

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