Les petits trains de Seilhac
Les petits trains de Seilhac
Transcription :
Seilhac, c'est en plein cœur de la Corrèze, au sud de Limoges, pas très loin de Tulle ou encore de Brive la Gaillarde, et c'est là, que Grégoire Porté et sa famille ont décidé de s'installer pour vivre une nouvelle vie. Enfin, pas totalement nouvelle pour Grégoire qui est le créateur du Jardin train construit à Saint-Didier dans le Vaucluse, et qui récidive ici, en créant un nouveau réseau de trains de jardin ouvert au public.
Là, c’est la tour de contrôle : on est tout en analogique ici, donc on n’a que des transformateurs LGB, quasiment, et tout le réseau fonctionne en analogique. La seule chose, c’est que j’ai mis des décodeurs numériques dans chaque locomotive, avec une programmation de vitesse maximum ou minimum, et des démarrages progressifs. Les arrêts progressifs, ce sont des résistances qui sont à l’entrée des dépôts. Ici, j’ai voulu faire quelque chose d’extrêmement simple, on est tout en électromécanique, s’il y a une panne on sait exactement d’où elle vient. L’informatique c’est super quand on est en intérieur, pour un réseau d’extérieur c’est terrible, un automate c’est super mais ça demande 10 fois plus de boulot et il faut être électronicien ou informaticien pour programmer, et je n’avais pas envie de m’enquiquiner avec ça, j’en avais un dans l’autre et c’était très bien mais là j’avais envie de changer et de maîtriser la totalité des éléments du parc, c’est-à-dire que j’ai pu tout faire moi-même. Là, je vais mettre en route, je mets en route au fur et à mesure : on va faire démarrer une partie des trains américains qui sont là-haut, je branche et ça va se mettre à tourner à l’extérieur. Ça me permet à chaque fois de vérifier avant d’ouvrir s’il y a un problème, et j’interviens avant l’arrivée du public. Là, j’ai le transfo des allers-retours, ici j’ai une des deux lignes américaines, ici j’ai la seconde ligne américaine et là j’ai les trains européens qui tournent dans le bas du par cet qui sont complètement indépendants, donc s’il y a un problème sur un des réseaux, tout le reste continue de tourner. J’ai un onduleur qui me permet d’avoir un courant stable, en cas de coupure de courant j’ai une autonomie de 10 minutes pour arrêter les trains tranquillement, voir ne pas les arrêter si c’est des micro-coupures, mais au moins je ne suis pas enquiquiné par des trains qui s’arrêtent brutalement, avec des déraillements à la clé, parce qu’il y a quand même des trains qui sont très longs. Tout est automatisé, chaque réseau a une sorte de « dépôt », de réserve de trains, cette réserve est complètement indépendante, on est avec un système de détecteur d’aiguilles et d’ILS en fin de canton : un train rentre, il bascule l’aiguille sur la voie suivante, l’autre train fait le tour. À l’entrée de chaque gare, j’ai mis un ILS, puisque c’est les anciens transfos LGB qui étaient super, vous pouvez avoir une temporisation avec arrêt progressif en gare, une temporisation que vous réglez, et un redémarrage lent. Ça, on le voit, il y a l’Amtrak qui est entrée dans la gare Santa Seilhacruz, on est à Seilhac ici, les gens de Seilhac ça les fait marrer, donc là il va redémarrer, j’ai simplement mis un aimant, une plaque aimantée sur le premier wagon, vous verrez le détecteur à l’entrée de la gare, et ça fait que les trains de voyageurs s’arrêtent en gare et les trains de marchandises passent. J’ai quasiment réussi à faire la même chose que ce que j’avais dans l’autre parc, à créer le même aspect visuel qu’avec un automate de 90 entrées/sorties.
Une première expérience dont Grégoire a su tirer toutes les leçons, pour les mettre à profit de sa nouvelle création.
Le premier parc, je l’ai créé en 9 mois, et celui-là je l’ai créé en 7 mois. Assez rapide, il faut beaucoup bosser, ça a été 7 mois de travail, 7 jours sur 7, 10h à 14h par jour, sans arrêt.
- Pourquoi ici, pourquoi à Seilhac ?
- Parce qu’on a déménagé du Vaucluse, on a tout vendu, et on avait envie de redémarrer sur quelque chose de nouveau, aussi bien ma femme dans son travail, puisqu’elle est musicienne, elle est prof de violon, que moi. J’avais terminé le parc là-bas et j’avais envie de redémarrer quelque chose ici. On est chez nous, ici, et on a trouvé ce parc, cette maison, en plein centre du village, c’est un petit bourg de 1800 habitants, Seilhac, c’est charmant, et malgré le fait que je cherchais un terrain plat où il n’y ait pas d’arbre, en fait là je me suis retrouvé sur un terrain hyper pentu, il y a des arbres qui ont une centaine d’années. C’est un vieux parc qui est en face du parc du château, alors on a une vue superbe sur le village, par contre l’entretien c’est du délire. L’année dernière, on a ouvert au mois d’octobre, les feuilles commençaient à tomber, et à la fin des vacances de Toussaint c’était 3h30 d’aspire-feuille par jour avant d’ouvrir.
Heureusement, la saison des feuilles mortes ne s'étale pas sur plus d'un mois, mais tout de même. Le jardin se développe sur plus de 3000 mètres carrés. Les visiteurs suivent un circuit qui les promène d'animations en animations du haut en bas du jardin, avant de remonter vers leur point de départ et de refaire un tour si le cœur leur en dit. Plusieurs petits circuits sont à découvrir entre les deux grands, certains sont même interactifs, et n'attendent qu'un ordre des visiteurs pour que les trains démarrent. Ici, tout a été conçu pour prendre plaisir à voir passer les trains, et même mieux, à y jouer.
C’est vraiment un rêve de gamin, j’avais mon circuit en Ho, on habitait au bord de la Loire et mon rêve c’était de percer les murs et de faire sortir mon circuit dans le jardin ou dans les prés qui étaient en face, mon père n’a jamais voulu. Là, je laisse libre court à mon imagination et à la création, puisque le parc c’est comme un peintre qui peint une toile, ou j’ai plus le sentiment de sculpter, c’est de la sculpture. Pas de plan, quand je fais les choses je vois ce que je vais faire et après je l’adapte au terrain, je ‘l’adapte à l’environnement parce qu’on ne peut pas plaquer une idée dans la nature, il faut prendre le temps de l’observer, et pendant qu’on fait les travaux il faut prendre le temps d’observer les choses, c’est ce qui fait qu’on peut arriver à créer quelque chose d’harmonieux.
Deux univers ferroviaires bien distincts sont proposés au fil de la visite.
Le premier plateau qu’on découvre quand on rentre est dans le style américain, j’aime beaucoup les trains américains, les machines qui font des sons de moteur diesel et la longueur des trains, et un deuxième plateau qu’on voit en se baladant dans le parc, en descendant dans le parc, on le découvre après, est plus dans l’esprit Europe. Je n’ai reproduit aucune maquette, aucun endroit existant, tout est dans l’imagination, c’est la même chose : j’ai créé environ 70% des maquettes, et quand je démarre une maquette je fais un croquis sur la planche ou le papier, et ensuite je fabrique au fur et à mesure. On est arrivés en Corrèze et il y a 2 ans, pendant un an on a cherché un lieu, on était en location, cette année de location j’ai aussi fabriqué les maquettes, une grande partie des maquettes, j’en ai refabriqué cet hiver. Les 7 mois pour créer le parc, c’était vraiment la mise en place de toute la structure, alors qu’ici c’était la jungle, à l’entrée toute cette partie du parc n’était plus entretenue depuis des années. Je ne vous cache pas que j’ai eu des gros moments de doute, j’ai flippé parce qu’on a tout vendu, on a mis du temps avant de trouver, on a mis un an donc l’argent défile, quand il rentre plus, il ne rentre plus, et il fallait redémarrer. Ça, même si j’avais confiance au fond de moi, ça a été une partie assez flippante.
La confiance, elle est revenue avec les premiers jours d'ouverture au public, à la rentrée dernière, puis au printemps.
On a ouvert 20 jours au mois d’octobre 2015, donc l’année dernière, et en 20 jours on a fait 2000 entrées, on était contents, et on devrait atteindre les 2000 entrées depuis début avril, malgré le temps assez épouvantable qu’il y a, donc oui on est contents. Et puis les gens reviennent, depuis avril il y a plusieurs personnes qui sont déjà venues 2 ou 3 fois : avec les petits-enfants, ensuite sans les petits enfants et ils prennent le temps, il s‘assoient, j’ai fabriqué beaucoup de bancs aussi, j’aime beaucoup le bois. Les gens me disent : « en fait ici on est hors du temps, on respire chez vous, on se régénère, on rêve », ça fait du bien. Aucun doute pour le fonctionnement du parc, déjà là ça marche, il n’y a aucune raison pour que ça ne fonctionne pas. C’est une région touristique mais il y a peu de structures à visiter, ici tout est beaucoup basé sur la nature, et donc dans le sud-ouest on doit être les seuls, les 3 autres sont dans le sud-est de la France. Ici, je reçois des passionnés mais aussi beaucoup de personnes qui n’ont rien à voir avec le train, qui trouvent complètement leur compte. À savoir qu’en plus, pour agrémenter la visite, on a mis 1 km de rails en linéaire, il y a 1 km de câblage, il y a quasiment maintenant 70 maquettes, il y a plus de 600 figurines, il y a des voitures, des routes, des ponts, des rivières, tout ce qu’on peut retrouver, et 3500 plantations naines : des espèces qui, adultes, mesurent 1,20 m maximum, en sachant que je taille régulièrement de façon à ce que tout l’ensemble reste cohérent. Je m’en suis donné à cœur joie, on est dans une région où il y a plus d’eau que dans le sud-est, j’adore les érables nains alors je m’en suis donné à cœur joie, ce qui fait qu’il y a des couleurs que j’adore, c’est très coloré. Donc quand le public arrive, que ce soit aussi bien les enfants que les adultes, j’ai fait une petite liste avec une soixantaine de figurines à retrouver dans le décor, tout est dans le désordre, et que ce soit les enfants ou les adultes, il n’y en a pas un qui repart sans avoir tout retrouvé, ils ne veulent pas partir sans avoir retrouvé la tortue, le marsupilami … C’est drôle et en plus ça crée des liens parce que les gens s’échangent les informations entre eux : « ah, vous avez trouvé le lièvre, je vous échange, vous n’avez pas trouvé quoi ? Les Dupont ? Ah, je sais où sont les Dupont ! ». C’est très rigolo de voir ce qu’il se passe ici.
Dans sa démarche Grégoire n'a pas oublié les enfants, et à penser à la petite flamme qui peut assez facilement s'allumer quand ils découvrent le plaisir de jouer au train. Dans son parc, il y les trains que l'on regarde avec les yeux, et ceux que l'on a le droit de prendre à pleine mains.
Il y a de grandes tables de trains, en bois brio, que j’ai installées sous des abris, et une fois que les enfants sont sur les tables c’est indécrochable, ça hurle pour partir. Il y a des endroits où j’ai fait des circuits avec des boutons, il suffit d’appuyer sur un bouton et les trains démarrent ou s’arrêtent, ça les enfants adorent aussi, et ça crée des vocations, c’est évident. Là, les enfants peuvent jouer, toucher, il y a toute la partie qui est vraiment le décor, où on regarde, on observe, et puis la partie où on peut jouer, toucher. Les enfants ont besoin de ça, ça fait partie du développement de l’enfant, s’il ne peut pas toucher, au bout d’un moment soit il a envie de partir, soit il va faire des bêtises, et ici on peut en faire beaucoup, des bêtises ! Mais ça va, malgré le gravier, les petites cordes, il n’y a pas un gamin qui m’a balancé une pierre sur les rails, je donne des petites consignes à l’entrée, bien sûr, mais ça prouve qu’il y a une sorte de respect du travail qui a été fait, j’ai beaucoup d’enfants qui viennent et qui me disent : « monsieur, c’est beau ce que tu as fait, mais tu as dû beaucoup travailler ! » et je dis que oui, j’ai beaucoup travaillé. Mais les enfants sont très sensibles à ça, le voient et le reconnaissent, et il y en a beaucoup qui vont voir les photos des travaux et qui voient comment était le parc avant, et les tractopelles, les trous, les tonnes de terre qui ont été déplacées avec tous les cailloux. Il y a plus de 150 tonnes de roche qu’on s’est montées à la brouette, ça fait du boulot.
Maintenant que l'infrastructure du parc est en place, le plus gros est fait. Pour ce qui est du décor en revanche, l'évolution est permanente.
Pendant la saison je ne peux pas trop créer, alors j’imagine et l’hiver on fait tout ce que j’ai imaginé pendant la saison, j’ai d’autres choses et je fabrique. Quand je fabrique une maquette, je ne sais pas vraiment où je vais la mettre, elle va trouver sa place, alors j’aménage autour. Les idées, ce n’est pas ce qui me manque, il y a de l’espace encore alors petit à petit ça change, chaque année de toute façon, l’hiver on ferme à la fin des vacances de Toussaint, je laisse que les rails et les plantes en extérieur, je rentre tout le reste et je restaure, parce que les UV du soleil dévorent les pigments, les peintures, les huisseries, donc je restaure et je fabrique, ce qui fait que toutes les figurines il faut les repeindre en partie, et l’année suivante je recrée des nouvelles scènes, ce qui fait que je change, les gens reviennent et ont d’autres choses à voir, c’est la nature qui se renouvelle !
Et le début d'une belle aventure on l'espère. Le parc est ouvert tous les jours d'Avril à la fin des vacances de la Toussaint, pour plus d'informations sur les horaires et l'accès, vous pouvez vous rendre sur le site lespetitstrainsdeseilhac, en un seul mot, .com
La semaine prochaine dans Aiguillages, dernier reportage de la saison 8, comme promis nous retournerons à Mini-World Lyon nous vivre l'inauguration du parc de loisir, et les toutes premières heures de son ouverture au public, après plus de 3 ans de travaux.
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25ème anniversaire
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de Jean-Sébastien Bugnard
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