Les Petits Gris
de la SNCF
Les Petits Gris de la SNCF
Transcription :
Les Z3700 à 6400 constituent toute une famille d'engins ferroviaires qui ont marqué leur époque de la création de la SNCF à la fin des années 30 au tournant des années 2020. Une sacrée carrière qui fait que rares sont ceux qui ne les ont jamais côtoyées. Pour beaucoup, elles ont même fait office de de train du quotidien. Ce n'est pas leur couleur qui va nous aider à les distinguer, puisque précisément, l'un de leurs intérêts pour la SNCF étaient qu'elles n'étaient pas peintes, ce qui lui a permis de réaliser de substantielles économies sur les frais d'entretien. Très novatrices à l'époque de leur mise en service, elles ont accompagné la modernisation et notamment l'électrification du réseau ferré français avant de céder leur place somme toute assez récemment à du matériel beaucoup plus moderne.
On leur a donné beaucoup de surnoms : « boîte de conserve », « Canette », « Couscoussière »,« Grille-pain », « Guy Degrenne » …vous en connaissez peut-être d'autres, mais c'est finalement celui de « P'tit Gris » qui est resté. Les automotrices Inox ont marqué le paysage ferroviaire français, et tout particulièrement celui de la banlieue parisienne. Retour aujourd'hui sur la carrière des « P'tits gris ». Bonjour et bienvenue dans Aiguillages.
J'ai le plaisir de vous présenter à l'occasion de ce reportage, un nouveau contributeur pour Aiguillages, il s'agit de Patrick Le Gouëslier d'Argence, dont vous verrez dans cet épisode encore pas mal de vidéos. Patrick a commencé la photo ferroviaire dans les années 80, avant de se lancer dans l'image animée et de créer sa propre chaîne Youtube en 2009. Merci à lui, pour le temps passé à rechercher et mettre à ma disposition des séquences vidéos qui me permettent d'enrichir mes propres reportages. Vous pourrez retrouver sa chaîne en tapant videostrains PLGDA ses initiales, dans la barre de recherche de Youtube. Et un merci tout particulier également à Dominique Joris qui quant à lui prend le temps de relire le script de mes vidéos.
Les présentations étant faites, revenons aux « P'tis gris »
Leur histoire a commencé avant celle de la SNCF avec la conception des premiers matériels roulants construits en acier inoxydable, pour les Chemins de fer de l'Etat, sous l'impulsion de leur directeur de l'époque Raoul Dautry. Une première série de 20 automotrices articulées à deux caisses, reposant sur trois bogies moteurs, pris du service sur l'axe Paris – Le Mans à partir de 1937. Ce nouveau matériau avait comme grand avantage de réduire considérablement le poids du matériel roulant et d'autoriser de ce fait d'atteindre la vitesse tout à fait respectable pour l'époque de 130 km/h. S'agissant d'engins automoteurs électriques leur numéro de série se devait d'être précédé de la lettre « Z », il furent dont numérotés dans la série Z 23700 par les Chemins de Fer de l'Etat, puis renumérotées Z 3700 par la SNCF en 1950. Ils présentaient par ailleurs d'autres innovations contribuant à améliorer le confort des voyageurs, comme la climatisation, des marches-pieds rétractables, l'ouverture assistée des portes, et la présence de toilettes, ce qui était une première sur du matériel destiné principalement à des dessertes de banlieue. Ne disposant que de deux portes par face, elles s'avérèrent assez vite mal adaptées lorsque le trafic augmenta fortement dans les années d'après-guerre. Elle poursuivirent néanmoins bon gré mal gré leur carrière jusqu'en 1985.
La SNCF songea assez tôt à commander une nouvelle série d'engins électriques automoteurs destinés à la banlieue sud-est de la région parisienne, ce seront les Z 5100, mais la guerre retarda ce projet.
La commande qui avait été envisagée dès 1941, ne fut concrétisée qu'en 1950. Etudiées sur la base des Z 3700, les nouvelles Z 5100 se différenciaient par leur esthétique qui sera reprise par les séries qui suivront, mais aussi par certaines de leurs caractéristiques techniques. Les rames étaient constituées d'une motrice et une ou deux remorques, celle de queue étant équipée d'une cabine de conduite. Les marches-pieds rétractables furent abandonnés. Chacune des caisses étaient dotées de quatre portes par face, ce qui permettait des temps de stationnement plus courts. Les rames pouvaient compter jusqu'à douze caisses, mais leurs performances étaient bien moindre que celles de leurs ainées les Z 3700. Avec l'arrivée des premières rames tractées à deux niveaux pour renforcer les capacités des trains assurant les dessertes de ces banlieues, les Z 5100 partirent finir leur carrière en région. On put en voir ainsi autour de Bordeaux, Limoges, Lyon, Orléans ou Tours avant qu'elles ne prennent leur retraite en 1998.
Poursuivant la modernisation de son réseau banlieue, la SNCF fit l'acquisition d'une nouvelle série de rames Inox, les Z 5300.
Celles-ci furent livrées à partir de 1965. On les vit non seulement dans les banlieues sud-est et sud-ouest, mais aussi sur des lignes de l'ouest de la région parisienne. On les reconnaissait à leurs trois portes par face. Avec l'ouverture de la ligne C du RER le 26 septembre 1979, cette série fut intégralement mobilisée autour de ce service, jusqu'à ce qu'en 1994 l'introduction sur cette ligne également de rames à deux niveaux, les chasse à leur tour vers la province. Elles s'exilèrent vers Bordeaux et Tours ou elles remplacèrent progressivement les Z 5100 jusqu'à leur retrait des effectifs qui intervint en 2012.
Toutes les automotrices dont je vous ai parlé jusqu'ici avait une caractéristique commune, celle de ne pouvoir rouler que sous une caténaire électrifiée en 1500 volts continu.
C'est pourquoi, la SNCF procéda en parallèle à la mise en service de deux nouvelles séries d'automotrices de banlieue destinées à circuler sur les voies électrifiées en 25000 volts courant alternatif : les Z 6100 et Z 6300. Egalement livrées à partir de 1965, elles étaient quand à elles destinées à desservir la banlieue nord de Paris, vers Pontoise, Persan, Valmondois, Luzarches, Creil et Crépis-en-Valois, au départ de la gare du nord pour les premières, et les gares desservies à partir de celle de Saint-Lazare pour les secondes. La différence entre les deux séries résidait dans des caisses plus courtes de quatre mètres pour les secondes, pour s'adapter à la moins grande longueur de quai disponible à Saint-Lazare. En 1989, la création de l'interconnexion du RER A provoqua une complète réorganisation des lignes de banlieue irriguée à partir de cette gare. Les Z 6300 furent envoyées à Thionville et Amiens pour y remplacer les autorails thermiques circulant sur des lignes TER pourtant électrifiées. Ces automotrices seront néanmoins poussés vers la sortie, par un matériel plus récent mis en service par les deux régions concernée, et disparurent totalement de la circulation en 2008.
Il ne restait dès lors plus qu'une seule série représentant cette génération de P'tits Gris, les Z 6100 qui firent de la résistance à la gare du Nord jusqu'en janvier 2013.
C'était il y a 10 ans. La fin des « P'tits gris » marquera également celle de l'un des dépôts mythiques de la capitale, celui de La Chapelle, où ils étaient entretenus. Inauguré en 1848 par la Compagnie des Chemins de Fer du Nord près de la gare du même nom, cet immense dépôt avait d'abord servi de centre de maintenance pour les locomotives à vapeur, avant de se reconvertir au moment de leur disparition, dans celle des trains de banlieue. Ayant compté jusqu'à 900 agents au début du 20ème siècle, le site s'étendait sur pas moins de 28 hectares. Quand au dernier « P'tit gris » il a assuré son ultime service le 10 janvier 2013.
Il a été à son tour poussé à la retraite, non pas par une nouvelle série de rames Inox, mais par le flambant neuf Francilien.
Sa numérotation dans la flotte des automoteurs électriques de la SNCF : Z 50000. Un train conçu dans les années 2000 pour remplacer les rames inox encore en activité autour des gares du Nord et de Saint-Lazare, mais pour prendre en charge également des missions au départ de celle de l'Est. Il apporte à son tour de nombreuses innovations techniques. Son plancher bas intégral permet de se passer définitivement de marches pour accéder à la rame. Les Franciliens ont progressivement pris du service à partir du mois de décembre 2009, d'abord sur la ligne H du Transilien entre Paris-gare-du-Nord et Luzarches ou Persan-Beaumont, puis sur les lignes P, L et J et enfin sur la ligne K toujours du Transilien et la E du RER. Au total 360 rames ont été livrées et on est parti pour vivre avec si elles ont la même longévité que leurs prédécesseurs, pour une bonne 40 aine d'années.
Maintenant qu'ils ont disparus des lignes de la SNCF, que reste t-il des « P'tits gris » ?
Quelques traces tout de même. Une tentative de préserver en état de marche un élément de la série 6100 par l'Association de Préservation d'un P'tit Gris du Nord a échouée. Le Copef de son côté, une autre association de préservation est à la recherche de financements pour remettre en état de marche le dernier exemplaire restant d'un exemplaire de la série Z5100. Son automotrice a été classée Monument Historique. Sinon, quelques pièces prélevées sur d'autres rames avant leur ferraillage ont été vendues aux enchères au profit des Restos du Coeur et quelques amateurs ou collectionneurs ont pu se payer une plaque, une banquette ou même des portes de ces anciennes automotrices. La Roumanie en a racheté quelques exemplaires pour les faire rouler sur son réseau, sinon deux exemplaires sont présentés à la Cité du Train de Mulhouse. Un issu de la série Z 5300, l'autre de la série Z 6100. Dans les deux cas, il s'agit d'une motrice et de sa remorque.
De votre côté avez-vous des souvenirs ou des anecdotes à raconter à propos des « P'tits gris » ? Vous pouvez me les laisser en commentaires sous cette vidéo, je prendrai le temps de les lire d'ici à la semaine prochaine, ou je vous proposerai une autre exploration ferroviaire ! Pour patienter d'ici là, je vous propose de voir ou revoir, un autre épisode de cette série consacrée au matériel roulant moteur de la SNCF.
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