La gare de Guiscriff
sur l'ancien réseau Breton
La gare de Guiscriff sur l'ancien réseau Breton
Transcription :
Bonjour et bienvenue dans Aiguillages, cap à l'Ouest cette semaine pour un reportage tourné dans le nord-ouest du département du Morbihan en Bretagne, à Guiscriff où une petite gare de l'ex réseau Breton a pu être sauvegardée et transformée en un équipement culturel et touristique. On y trouve notamment un petit musée dédié à la mémoire du rail en Bretagne, et aussi un escape game, un jeu d'évasion qui vous plongera dans l'univers impitoyable d'une compagnie ferroviaire du XIXème siècle.
Guiscriff c'est l'une des communes qui étaient desservies par le train au départ de l'étoile de Carhaix, sur la ligne à voie métrique conduisant à Rosporden. Ici, le train était surnommé Ar Marc'h Du, le cheval noir, c'est aussi le nom qu'a pris l'association à l'origine de la sauvegarde de la gare et qui se charge désormais de son animation.
Ce lieu, je l'avais découvert il y a de cela quelques années et je vous ai raconté l'histoire de sa sauvegarde dans un ancien numéro d'Aiguillages datant de l'automne 2014. Depuis cette première visite, pas mal de choses ont changées et le site s'est étoffé proposant de nouvelles activités. Une évolution dont a été témoin, Solenn Le Ferrec qui était déjà là lors de mon précédent passage
Désormais, le site de la gare s'est transformé en Loisirs en gare de Guiscriff avec la proposition de plusieurs services dont le musée de la gare, l'espace cafétéria, la boutique, la librairie, un escape game, vraiment un bel escape game également une yourte insolite, une toile de tente prête à camper, une aire naturelle de camping et également la location de vélos pour profiter de la voie verte numéro 7 qui relie Concarneau à Roscoff, qui mesure 147 km et donc aujourd'hui c'est vrai qu'on est un équipement touristique et culturel polyvalent et on s'adapte également aux demandes du territoire.
Tout cela, sans compter l'organisation de nombreuses manifestations qui pour beaucoup ont du être reportées en 2021 dont la fête du train et du modélisme qui aurait du se tenir au mois d'Août. Gros changement aussi depuis ma dernière visite, la scénographie du musée a été complètement revue pour être plus attractive.
Il y a aller, je dirais depuis qu'on à refais la scénographie, avant, les gens venaient, prenaient un café, on leur parlait du musée, mais non ça ne m'intéresse pas … Depuis que l'on a refait la scénographie, les gens viennent non pas pour prendre un café, mais pour voir le musée, et après, ils reprennent un café ! L'an dernier on pouvait compter sur à peu près 7000 visiteurs tout compris, il y a pas que le musée, et la cette année, rien qu'en juillet je me rend compte qu'il y a 20 à 30% de public en plus sur la voie verte, par rapport à l'année dernière, déjà l'année dernière il y avait encore un plus par rapport à il y a deux ans, et on se fait connaître. Beaucoup d'offices du tourisme savent qu'à Guiscriff ça bouge, ça émerge et on est bien accueilli, donc on a de clients de plus en plus, qui en ont entendu parler, qui reviennent à Guiscriff pour toutes les activités que l'on peut y trouver, y compris pour le musée. Un petit changement … ça fait plaisir, il y a quelque chose qui plaît. Alors si certain, ne connaissent pas toutes les activités à la gare, ils sont ébahis. Ha, il y a tout ça ! Il faut que je revienne ! On ne peut pas le faire maintenant ? Enfin, ça marche mieux comme ça !
Une évolution plutôt encourageante, qui pour la partie musée est sans doute en grande partie due à la réflexion qui a été menée sur la manière de faire découvrir ses collections au public. Les maquettes exposées qui étaient pour la plupart statiques dans la première version, sont devenues interactives.
Les interfaces interactives, ça c'est Solenn qui les a créée, qui les voulait, parce-que depuis longtemps, ils avaient pris l'habitude, il y a 3/5 ans à l'époque avec Maryline, de faire des visites guidées, et les gens étaient intéressés, ils se rendaient compte que les gamins, bah, c'était un petit peu mort les maquettes ! Il y avait deux maquettes LGB du train, bon, c'était un train qui serpentait, point ! J'ai dis, non, un train il faut quand même un petit habillage … Donc là, vous avez encore non fini, parce-que cette année il y a eu beaucoup de travail à la mise en place de l'escape game, de la yourte, et du local pour louer les vélos, ça faisait beaucoup de travail. Cet hiver avec le confinement on a été un petit peu fichu en l'air, donc il y a la gare de Guingamp qui attend d'être mise en place.
Un travail auquel Yves Lessoile est impatient de s'attaquer. Lui, qui a rejoint il y a quelques années la gare de Guiscriff en temps que modéliste alors qu'il résidait à quelques dizaines de km de là, habite maintenant dans la commune, ce qui lui a permis de s'investir encore plus dans l'association jusqu'à finir par succéder à la présidence d'Ar March'h du, à Marie Faure qui l'avait créée.
La visite permet d'en apprendre un peu plus sur l'histoire de ce chemin de fer qui a été construit dans le cadre du plan Freycinet pour désenclaver cette partie de la Bretagne intérieure. L'ambition de ce plan était de faire en sorte qu'aucune maison ne se trouve à plus d'une demie-journée de vélo d'une gare. Il en résultera la construction de 5 lignes établies en étoile autour de la ville de Carhaix entre 1890 et 1925, et la constitution du plus important des réseaux secondaires établi en France : le Réseau Breton, qui venait utilement compléter les dessertes assurées par le grand chemin de fer. Celui-ci reliant par le nord Paris à Brest, et par le sud Santenay à Landerneau. A l'apogée du réseau Breton, ce sont 700 cheminots qui travaillaient à Carhaix, mais le chemin de fer a également été à l'origine de la création de nombreux emplois dans toutes les villes qu'il desservait. Avant le train, les modes de déplacement étaient la marche ou le cheval. Son arrivée a donc largement facilité la vie quotidienne et les démarches courantes des habitants.
C'était pour aller au marché, avoir un rendez-vous chez le docteur, voire les 3 jours pour les jeunes, ou encore pour aller en classe, au collège, plusieurs passagers au fil du temps, sur la ligne. Sinon, il y avait quelques marchandises sur la ligne puisque l'on récupérait ici, autour de la gare, il y avait 3 sites coopératifs qui revendaient des produits, donc un petit marché. On en voit encore un vestige avec un hangar, un autre hangar ou l'on voit encore un quai s'avançant, le troisième le quai n'existe plus, mais par contre on en voit encore les fondations, il y avait un hangar qui existait encore en 2009, mais que les propriétaires ont démonté, parce-que ça devenait dangereux. Le train il était, dans le dernières années … on a récupérer des vieux Chaix, il y avait, vers la fin, c'était 5 voyages en autorail, plus un train mixte qui lui mettait beaucoup de temps. Entre Carhaix et Rosporden, il fallait compter une bonne demie-heure de train, puisqu'il ne roulait pas très vite, mais le train de marchandises et mixte, encore moins, puisqu'il fallait à chaque fois décrocher des wagons, en récupérer d'autres, donc les passagers dans les voitures, ils attendaient un peu. Et c'était pas 5 minutes buffet, ça durait au moins un quart d'heure si ce n'était pas une demie-heure à chaque arrêt.
Des temps de parcours qui ont fini par décourager les voyageurs, d'autant qu'un redoutable concurrent, le transport routier promettait de les réduire considérablement. Déficitaire, le train n'était plus en odeur de sainteté déjà chez les élus de l'époque. Le réseau breton ferme 4 de ses 5 lignes en 1967, ne conservant que celle reliant Carhais à Paimpol. A partir de là, il faudra faire vite, très vite, le démantèlement du réseau Breton devant servir de modèle à celui des autres voies de chemins de fer secondaires encore en activité un peu de partout en France
Dès 68, les rails ont été déposées. Il fallait faire un exemple pour Paris. Si les bretons acceptent ça, on pourra le faire de partout en France, et à Paris on prenait le modèle sur les américains, qui n'y croyaient plus, qui ne croyaient pas au tourisme, qui croyaient à peine au service de fret, donc allez on arrête tout, point !
Comme beaucoup d'autres la gare de Guiscriff va sombrer dans un long sommeil, avant qu'elle ne rencontre Marie Faure, la première présidente de l'association Arc'h ma Du, bien décidée à lui redonner une nouvelle vie.
C'était important à l'époque de garder un témoignage, une trace … Carhaix voudrait faire quelque chose mais le temps de remettre en état la remise, ça met des années malheureusement, et eux ont plus en vie de se dédier à l'histoire des ateliers, qui servaient énormément à la SNCF, comme au réseau Breton, surtout ces dernières années avec la voie remise en voie normale par rapport à la voie normale d'origine.
Toute une histoire que vous ne pourrez que mieux appréhender en vous rendant à la gare de Guiscriff, ou parmi les nombreuses activités proposées vous serez invité à découvrir le secret du cheval noir. C'est le nom du jeu d'évasion proposé sur le site. Une fois enfermé en famille ou entre amis dans la pièce qui lui est consacré vous serez plongé en 1885, à une époque ou dans la région, les travaux de construction de la ligne Carhaix-Rosporden vont bientôt débuter. Vous serez alors mandaté par la Compagnie du Chemin de Fer de Paris à Orléans qui voit d'un très mauvais œil la création de cette ligne concurrente pour aller enquêter sur ce projet et le saboter.
Imaginez qu'en 1885, les joueurs sont espions de la Compagnie du Chemin de Fer Paris-Orléans, un heure, bombe en mains, que je maintiens et vous devez saboter le réseau breton. Donc pour cela il faudra répondre à une feuille d'objectifs et trouver les 10 clés des futures gares qui sont cachées dans un espace clos de 35 mètres carrés.
Voilà, vous avez eu un petit avant goût de ce qui vous attend, et de l'accueil plutôt sympathique qui vous sera réservé sur le site. Et si l'envie vous en prend, vous pourrez même prolonger le plaisir de votre immersion dans les emprises de cette ancienne gare du réseau breton, en louant une tente aménagée ou une Yourte pour une passer la nuit. A moins qu'il ne soit possible à l'été 2021, de le faire dans un véhicule ferroviaire. L'association avait en effet l'intention d'installer sur un coupon de rail une ancienne voiture voyageur et de la transformer en hébergement. Un projet qui n'a pas abouti pour la saison 2020 parce-qu'un premier matériel convoité s'est révélé au final impossible à transporter, mais il semblerait que l'association en ait un autre en vue, qui pourrait être aménagé pour la saison prochaine. Je vous tiens bien sur au courant, et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine, pour de nouvelles aventures sur les rails.
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